Acte 2

Le Roi se meurtAvignon 2025

 

À la fois grand enfant capricieux et malicieux, mais aussi dictatorial et de mauvaise foi, Vincent Lorimy est royal. Quel comédien ! Christophe Lidon fait ressortir toute la richesse de cette parabole tragi-comique et poétique sur l'homme face à sa fin. L'action et les personnages circulent avec aisance autour du trône magistral qui se transforme en lit d'hôpital. Du très bel ouvrage.
L'Œil d'Olivier
 
Investissant son rôle du roi Bérenger avec une précision d'orfèvre doublée d'un humilité absolue, Vincent Lorimy tire les larmes. A ses côtés, sa femme Marguerite (Valérie Alane), sa deuxième reine et maîtresse (Chloé Berthier), le médecin, le garde et la servante (Thomas Cousseau, Armand Eloi, Nathalie Lucas), derniers témoins d'un royaume en ruine, ne sont jamais des faire-valoir. Utilisant la vidéo assez subtilement la pièce est magnifique à voir.
La Provence 

Christophe Lidon nous offre une merveilleuse version de cette pièce majeure de Ionesco. L'interprétation de Vincent Lorimy - le Roi Bérenger - est tout simplement extraordinaire de fragilité et tragique. On reconnait dans tous les caractères qui entourent ce roi la parfaite maitrise de la direction d'acteurs de Christophe Lidon. Il émane de la part de toute la troupe une jubilation et une parfaite écoute qui fait mouche à chaque instant sur le public. Une mise en scène qui fera date, à n'en pas douter et qui mérite que vous vous y précipitiez.  
Culture Tops



création Avignon 2025


Tout homme est une sorte de petit despote au centre de son univers... Comme chacun de nous, le Roi Bérenger est avant tout un homme viscéralement attaché à la vie et au monde qu’il a construit autour de lui. Quel être humain n’est pas
tour à tour désinvolte, tyrannique, amoureux, injuste, généreux, angoissé, jouisseur, égoïste ?

Mais voici que ce monarque doit entendre la vérité : le temps est venu. Si son univers s’écroule, si son royaume se désagrège, c’est que sa fin approche. Tiré à hue et à dia par ses deux épouses, reines baroques, Bérenger fait l’apprentissage de sa prochaine disparition, sous le regard de son impénétrable médecin, de sa malicieuse servante et son fidèle et pittoresque garde.

Tout en rythme et ruptures de ton, cette œuvre majeure du XXème siècle, en forme de parabole tragi-comique, nous guide par la main et par l’âme vers l’inévitable, et nous fait rire de notre humanité si imparfaite en empruntant le chemin de l’humour pour nous toucher au cœur.

Et quel humour ! Noir et décapant, inattendu, désarmant, il nous mène droit vers « une sorte de libération de notre angoisse » comme le confiait Ionesco lui-même. Une oeuvre iconique, théâtralement incontournable.


d'Eugène Ionesco

mise en scène, scénographie, costumes Christophe Lidon

avec
Valérie Alane
Chloé Berthier
Thomas Cousseau
Armand Eloi
Vincent Lorimy
Nathalie Lucas


lumières Cyril Manetta
musique Cyril Giroux
vidéo Léonard
assistante à la mise en scène Mia Koumpan

production François Volard Acte 2
Création CADO Orléans Centre national de création Orléans - Loiret


Galerie photos

L'Œil d'Olivier
Le Roi se meurt : Célébrons la vie Au Théâtre des Gémeaux, au Festival Off Avignon, Christophe Lidon s’empare avec spiritualité et pertinence de la grande pièce d’Eugène Ionesco.

Comme Bossuet, l’entourage de Bérenger 1er pourrait dire, en cette matinée sans soleil : « ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle »… Le roi se meurt !

Se libérer de nos angoisses

Ionesco est un malin. Son théâtre de l’absurde, savant mélange de comique et de tragique, parle avant tout de la solitude de l’homme et de l’insignifiance de son existence. Dans cette pièce, il aborde un homme face à son inévitable destin, la mort. Ce roi d’un pays en décrépitude, qui a cru en son immortalité, se refuse à accepter l’idée qu’il va mourir dans quelques heures. Sa première réaction est la négation, suivie de près, comme un dernier sursaut, par la révolte. Pour finir, c’est bien de cela qu’il est question, il va se résigner.

Un grand roi

Dans son pyjama, les cheveux hirsutes, Bérenger nous apparaît dans la salle du trône, non pas comme un souverain mais comme un homme d’aujourd’hui. Cette idée est agile. Christophe Lidon place le spectateur dans la tête de cet homme en proie à ses peurs. Ainsi, toutes les « absurdités » du dramaturge prennent sens. À la fois grand enfant capricieux et malicieux, mais aussi dictatorial et de mauvaise foi, Vincent Lorimy est royal. Quel comédien !

Pour deux grandes reines

L’humain est rarement seul face à la mort, il y a son entourage. Celui-ci doit affronter également l’épreuve et chacun le fait à sa manière. À travers les deux Reines, Ionesco met en miroir deux comportements, celui de l’accompagnement et celui du refus. L’esprit pragmatique et le caractère bien trempé, sa première femme, la Reine Marguerite met toute sa puissance pour lui faire accepter la situation. Il faut préparer l’avenir, le royaume en bien besoin. Dans sa robe rouge flamboyante, la longue chevelure brune, Valérie Alane, impériale, confirme la grande comédienne qu’elle est. Son monologue final bouleverse. En bleu et blanc, chevelure blonde en bataille, pleurant à chaudes larmes, Chloé Berthiervirevolte toute à son aise en Reine Marie. Celle qui se refuse à laisser son homme partir.

Des pions imposants

Tel un mage mystérieux, jouant des oracles et des potions, Thomas Cousseau incarne le médecin bourreau. Il excelle dans sa longue tirade prémonitoire sur le temps, les étoiles, le climat. En femme du peuple, servante exploitée, Nathalie Lucas est aussi drôle que touchante. En garde pittoresque, annonçant solennellement les nouvelles de la cour, Armand Eloi est impayable. Cette troupe est accordée à l’unisson par la direction de Lidon. Chacun est à sa place, avec la note juste et du talent à revendre.

Une mise en scène au cordeau

Christophe Lidon fait ressortir toute la richesse de cette parabole tragi-comique et poétique sur l’homme face à sa fin. Comme l’a voulu le dramaturge, cette œuvre est aussi un hommage au théâtre. Le metteur en scène va jouer sur les codes. Le sceptre est le fameux bâtonnier qui servait à taper les trois coups avant la représentation. La salle du trône est conçue comme un décor de film hollywoodien des années cinquante. L’action et les personnages circulent avec aisance autour du trône magistral qui se transforme en lit d’hôpital. Du très bel ouvrage.

La Provence

Bien sûr, on se souvient de Michel Bouquet puis de Michel Aumont qui avaient frappé les esprits dans Le roi se meurt de Ionesco, et semblaient clore le débat quant à l'interprétation du rôle-titre. Ces productions dans lesquelles ils étaient exceptionnels demeurent des monuments de théâtre mais force est de constater que les autres personnages, et avec eux leurs interprètes, disparaissaient quelque peu derrière ce qui étaient des performances.

Dans sa mise en scène inoubliable de densité, Christophe Lidon a choisi de rééquilibrer l'ensemble, en posant d'abord sur le roi mourant un regard très neuf. Ce n'est plus un tyran sanguinaire agonisant qui est face à nous mais un homme en fin de vie, à la mémoire vacillante, déchiré de contradictions, sans doute assoiffé autrefois de pouvoirs et de guerres devenu "un homme fait de tous les hommes. Qui les vaut tous. Et que vaut n'importe qui."

Investissant son rôle du roi Bérenger avec une précision d'orfèvre doublée d'un humilité absolue, Vincent Lorimy tire les larmes. A ses côtés, sa femme Marguerite (Valérie Alane), sa deuxième reine et maîtresse (Chloé Berthier), le médecin, le garde et la servante (Thomas Cousseau, Armand Eloi, Nathalie Lucas), derniers témoins d'un royaume en ruine, ne sont jamais des faire-valoir mais des accompagnants vers la fin de vie plutôt que vers la fin de règne. La maladie et la mort plutôt que la couronne qui vacille, et les ennemis qui tombent. Utilisant la vidéo assez subtilement la pièce est magnifique à voir.


Culture Tops

Le roi Bérenger ne veut pas le reconnaître, il va mourir... Son royaume se dégrade et malgré l'accompagnement de ses deux reines et de son entourage, il enrage. Voici le parcours de cet homme jusqu’à la fin, de son pouvoir, de sa vie, de Tout… Christophe Lidon nous offre une merveilleuse version de cette pièce majeure de Ionesco. Il en extrait toute la vertu poétique et romantique pour désamorcer l’angoisse de la mort qui règne sur l’œuvre. Dans une scénographie qui évoque le chaos, il nimbe l’atmosphère d’une couche de tendresse infinie qui permet à Valérie Alane (bouleversante et éblouissante Reine Marguerite) et à Chloé Berthier (merveilleuse et irisante Reine Marie) de tourner comme deux astres autour de ce magnifique soleil qui se meurt incarné par Vincent Lorimy. Son interprétation de Bérenger est tout simplement extraordinaire de fragilité et tragique . On reconnait dans tous les caractères qui entourent ce roi la parfaite maitrise de la direction d’acteurs de Christophe Lidon. Il émane de la part de toute la troupe une jubilation et une parfaite écoute qui fait mouche à chaque instant sur le public. Une mise en scène qui fera date, à n’en pas douter et qui mérite que vous vous y précipitiez.








Théâtre des Gémeaux à 18h10

du 5 au 26 juillet 2025
relâches 9, 16 et 23

Le Roi se meurt