Acte 2

Le Roi se meurtSaison 2026-2027

Un des moments forts de ce Festival OFF 2025
Art scène radio

La mise en scène est brillante
Les comédiens sont magnifiques
Brillant !
Au Balcon

À la fois grand enfant capricieux et malicieux, mais aussi dictatorial et de mauvaise foi, Vincent Lorimy est royal. Quel comédien ! Christophe Lidon fait ressortir toute la richesse de cette parabole tragi-comique et poétique sur l'homme face à sa fin. L'action et les personnages circulent avec aisance autour du trône magistral qui se transforme en lit d'hôpital. Du très bel ouvrage.
L'Œil d'Olivier
 
Investissant son rôle du roi Bérenger avec une précision d'orfèvre doublée d'un humilité absolue, Vincent Lorimy tire les larmes. A ses côtés, sa femme Marguerite (Valérie Alane), sa deuxième reine et maîtresse (Chloé Berthier), le médecin, le garde et la servante (Thomas Cousseau, Armand Eloi, Nathalie Lucas), derniers témoins d'un royaume en ruine, ne sont jamais des faire-valoir. Utilisant la vidéo assez subtilement la pièce est magnifique à voir.
La Provence 

Christophe Lidon nous offre une merveilleuse version de cette pièce majeure de Ionesco. L'interprétation de Vincent Lorimy - le Roi Bérenger - est tout simplement extraordinaire de fragilité et tragique. On reconnait dans tous les caractères qui entourent ce roi la parfaite maitrise de la direction d'acteurs de Christophe Lidon. Il émane de la part de toute la troupe une jubilation et une parfaite écoute qui fait mouche à chaque instant sur le public. Une mise en scène qui fera date, à n'en pas douter et qui mérite que vous vous y précipitiez.  
Culture Tops



création Avignon 2025


Tout homme est une sorte de petit despote au centre de son univers... Comme chacun de nous, le Roi Bérenger est avant tout un homme viscéralement attaché à la vie et au monde qu’il a construit autour de lui. Quel être humain n’est pas
tour à tour désinvolte, tyrannique, amoureux, injuste, généreux, angoissé, jouisseur, égoïste ?

Mais voici que ce monarque doit entendre la vérité : le temps est venu. Si son univers s’écroule, si son royaume se désagrège, c’est que sa fin approche. Tiré à hue et à dia par ses deux épouses, reines baroques, Bérenger fait l’apprentissage de sa prochaine disparition, sous le regard de son impénétrable médecin, de sa malicieuse servante et son fidèle et pittoresque garde.

Tout en rythme et ruptures de ton, cette œuvre majeure du XXème siècle, en forme de parabole tragi-comique, nous guide par la main et par l’âme vers l’inévitable, et nous fait rire de notre humanité si imparfaite en empruntant le chemin de l’humour pour nous toucher au cœur.

Et quel humour ! Noir et décapant, inattendu, désarmant, il nous mène droit vers « une sorte de libération de notre angoisse » comme le confiait Ionesco lui-même. Une oeuvre iconique, théâtralement incontournable.


d'Eugène Ionesco

mise en scène, scénographie, costumes Christophe Lidon

avec
Valérie Alane
Chloé Berthier
Thomas Cousseau
Armand Eloi
Vincent Lorimy
Nathalie Lucas


lumières Cyril Manetta
musique Cyril Giroux
vidéo Léonard
assistante à la mise en scène Mia Koumpan

production François Volard Acte 2
Création CADO Orléans Centre national de création Orléans - Loiret


Galerie photos


L'Humanité
Christophe Lidon met en scène cette œuvre maitresse d’Eugène Ionesco qui conte les derniers moments du règne de Bérenger 1er, monarque fictif dans un monde qui chavire.

Jouée pour la première fois en décembre 1962, « Le roi se meurt » d’Eugène Ionesco est une des pièces les plus célèbres de l’auteur de « La Cantatrice chauve », « Rhinocéros », « Les chaises », etc. Pendant longtemps, elle été peu donnée, sauf par Michel Bouquet qui participa avec de jolies distributions à trois créations, en 1994, 2005, 2010.

Cette saison, deux intéressantes productions se succèdent. Il y a quelques semaines, au théâtre de l’Épée de bois, Jean Lambert-wild avait emmené sa fine équipe dans l’univers du cirque. Cette fois, c’est Christophe Lidon qui met en scène ce roi en fin de course dans la salle des Gémeaux Parisiens.

La pièce est un bel exemple du « théâtre de l’absurde » cher à Ionesco. Théâtre qui dans la première partie du XXe siècle a rompu avec la tradition plus classique de la tragédie ou de la comédie pour introduire des aspects détonants. « En attendant Godot », de Samuel Beckett, en est un autre exemple.

Une pièce entre humour et drame sur la fin de Bérenger

Le parti pris de Christophe Lidon respecte la règle, tout en renforçant l’aspect humain, presque domestique de l’affaire. Le roi Bérenger 1er ne va pas bien et inexorablement il mourra. Sans doute bientôt, et plus la fin de la pièce approche, plus ce sera inéluctable.

Pour autant, et alors jque son pays s’enfonce dans un gouffre fatal et infini, Bérenger ne veut pas admettre que sa fin est proche. En dépit des assurances de son médecin (à la fois astrologue, bactériologue et bourreau). Ses deux épouses de reines, la première, toujours au palais, et la seconde, n’en font pas mystère non plus. Sans convaincre le monarque en pyjama.

Au delà des ressorts comiques, le metteur en scène a voulu privilégier l’aspect humain de l’affaire. Personne, hors de la scène, ne sait à quelle heure ni quel jour la machine s’arrêtera de fonctionner. Mais chacun sait que cela adviendra. Qui souhaite en finir au plus vite ? Pas grand monde…

Les comédiens, Valérie Alane, Chloé Berthier, Thomas Cousseau, Armand Eloi, Vincent Lorimy, et Nathalie Lucas sont cette petite troupe qui entoure le monarque. Les murs se fissurent, mais la pompe royale est maintenue, vaille que vaille. A noter aussi la bande son très soignée de Cyril Giroux.

Avec en avant propos la rumeur d’un orchestre qui s’accorde. Quand Bérenger entre en scène, il est pieds nus, les pantoufles à la main. Plus rien ne va dans ce palais où le chauffage est lui aussi aux abonnés absents. C’est bien le début de la fin.

France Info
Portée par une distribution inspirée, la tragicomédie d'Eugène Ionesco, mise en scène par Christophe Lidon, demeure ce grand classique intemporel qui questionne notre rapport à la mort. Tendre, drôle et cruel.

Bienvenue en Absurdistan. Lever de rideau : dans une salle du trône délabrée, fissurée, non chauffée, le roi Bérenger Ier, incarné par Vincent Lorimy, impressionnant de présence, est confronté à sa mortalité. Au théâtre des Gémeaux parisiens, Le roi se meurt est donné dans une mise en scène de Christophe Lidon jusqu'en février 2026.

Le vieux monarque est à l'image de son palais décrépi. La première reine, Marguerite, le médecin-astrologue-bourreau et la servante-infirmière-jardinière sont formels : le roi se meurt et d'ici à la fin du spectacle, il ne sera plus parmi les vivants. La deuxième reine, Marie, est convaincue du contraire et cherche à conjurer le sort en niant la réalité.

Le royaume se dégrade, comme la santé de Bérenger Ier. La fin de règne approche, les signes ne trompent pas : les frontières rétrécissent, les ministres partis pêcher sont emportés par le courant, le sol est mou, l'armée inexistante… Comment réagit le roi ? "Pourquoi je suis né si ce n'est pour toujours ?", s'indigne-t-il à l'annonce de sa disparition inéluctable, se révoltant contre les astres et la science.

Christophe Lidon réussit à rendre cette longue agonie mordante, décapante et terriblement humaine. Le metteur en scène revisite l'œuvre d'Eugène Ionesco, créée en décembre 1962, en lui insufflant un air de folie, particulièrement dans la première partie de la pièce.

Les comédiens semblent pris dans une logique insensée, prisonniers de désirs empêchés. Vincent Lorimy est ce roi déraisonnable qui, tour à tour, se réfugie dans l'enfance, l'amour ou le despotisme. Le comédien réussit le tour de force de faire vivre physiquement les différents revirements du roi, jusqu'aux moindres détails. Il est un enfant apeuré, un vieillard sénile…

Le roi se meurt est une tragicomédie absurde qui interroge notre rapport à la mort. Comment accepter sa fin ? Face à la mort, l'humain demeure fragile.Christophe Lidon va à l'essence même de l'œuvre, une fable tendre, cruelle, ironique, démonstrative et introspective.
Porté par une distribution inspirée (Valérie Alane, Chloé Berthier, Thomas Cousseau, Armand Eloi, Vincent Lorimy, Nathalie Lucas), Le roi se meurt est ce grand classique intemporel qui nous amuse et nous questionne. 


Entrevue

Le Théâtre des Gémeaux accueille jusqu'au 6 février 2026 la pièce d'Eugène lonesco Le roi se meurt, mise en scène par Christophe Lidon. Dans ce grand texte du théâtre de l'absurde, un monarque condamné refuse de voir venir sa fin. Une allégorie bouleversante et grinçante, servie par une distribution solide et un regard résolument contemporain.


Tatouvu

Christophe Lidon monte la pièce de Ionesco au CADO* d'Orléans qu'il dirige, avant de rejoindre la scène du théâtre des Gémeaux Parisiens. Un regard différent et passionnant du souvenir que nous en gardons.

C'est après avoir frôlé la mort que Ionesco écrit « Le Roi se meurt », créé en 1962. Souffrant de maux étranges dans un univers où tout se délite, le roi Bérenger 1er se meurt, ce qu'il ne peut concevoir. Entre incrédulité, désespoir, révolte, supplique, il refuse d'abdiquer. Autour de lui, cinq proches, dont l'attitude face à la mort diffère, le soutiennent. Entre le tragique et le burlesque, cherchez l'intrigue, cherchez le sens aussi... Il n'est pas loin.

L'Affiche

C'est peut-être la moins ionescienne de toutes les pièces de Ionesco. La moins ionescienne parce que la plus frontale, peut-être. Si Ionesco parle toujours du genre humain dans ses pièces, là, le sujet est clair et nous touche tous : on parle de l'homme face à sa finitude.

C'est évidemment un sujet qui me touche énormément. La mise en scène fait entendre distinctement les étapes du processus d'acceptation de cet homme face à sa mort prochaine. On entend clairement le désespoir de cet homme qui ne s'est pas préparé à la mort. Cet homme qui a oublié qu'il était mortel, cet homme qui n'imagine pas un monde tourner sans lui. On le voit négocier, tergiverser, essayer d'échapper, gronder mais rien à faire. Le temps se déroule, les minutes passent, la mort se rapproche. Inéluctable. Alors il abdique.

Quel bonheur de réentendre ce texte absolument sublime. Ionesco touche ici à l’essence même de notre condition : nous allons tous mourir. Tous, dans la salle, d'où que nous soyons, rois ou anonymes, nous partageons ce trait. Et il en fait un spectacle. Il le fait tragique, il le fait parfois ridicule, il le fait lucide et surtout profondément humain.

Et même si le sujet est grave, l’absurde rôde. Le désordre qui règne dans ce royaume a quelque chose de risible. Le roi est assez inattendu, plutôt enfantin, comme pour rassurer le spectateur sur sa propre condition : on est encore au théâtre et il est encore l'heure de rire. Et pourtant on entend. La fragilité. Le temps qui passe. La mort qui guette. Et on entend même des choses qu'on n'avait pas entendues jusque-là. Sur la fin du monde, sur les crises à répétition qui ne peuvent qu'évoquer le désordre climatique. Serait-on en train de détourner les yeux… deux fois ? De notre propre fin. Et de celle de notre monde.

 

Hottello Théâtre
Le Roi se meurt
est à la fois un moment de théâtre et le déroulé précis, clinique, des moments ultimes de la vie, craints par tous les vivants. Une pièce tragi-comique où le rire tente de conjurer la mort. Christophe Lidon a placé d’emblée ce roi trop humain dans les coulisses d’un théâtre en voie d’abandon. Un théâtre qui fut fréquenté, mais qui ne l’est plus, il reste un trône magistral dans une petite pièce aux murs blafards.
Le garde (Armand Eloi) envoie ses annonces comme un régisseur, faisant ses appels, actionnant le commutateur pour lancer les plages  musicales. Le garde pourrait jouer dans Molière, il a tout de Maître Jacques. Les reines font des entrées théâtrales au possible, habillées et coiffées comme il se doit. Marguerite est toute de rouge vêtue, en brune tragédienne, droite, altière, sévère ( Valérie Allane). Elle rudoie Marie (Chloé Berthier) vêtue en robe légère de coton blanc et tunique bleue, blonde épanouie à la mimique nigaude, qui prend des poses alanguies. Le médecin émacié et glacial sort d’un film d’horreur de série B (Thomas Cousseau ), alors que Juliette est mieux traitée, connotée domestique de boulevard (Nathalie Lucas) mais humaine, loin d’être sotte et insensible.
Dans ce monde de théâtre bon marché, le roi, Vincent Lorimy, apparaît en grommelant dans un pyjama rayé. Contrairement aux autres, il est habillé en civil et se comporte comme un tyran domestique sans égal, rejoignant là un personnage typiquement moliéresque. Il va jouer la mort du barbon de Molière dans toutes sa petitesse, sa mesquinerie, son égoïsme foncier et inaltérable : «  Que tous meurent pourvu que je vive éternellement même tout seul dans le désert sans frontières … »

C’est quand il est plein d’acrimonie que Vincent Lorimy est le meilleur, bon aussi dans sa phase délirante et régressive où avant l’agonie finale, il emporte Marie dans un dernier rêve de bonheur enfantin avec son  manteau d’hermine, gourdin de guignol à la main en guise de sceptre. Après il gémit, se lamente et pleurniche un peu trop, c’est un homme et la venue des derniers moments fait ressortir toute sa lâcheté, sa médiocrité inaltérable.

On associe souvent la pièce à un Ionesco en recherche de spiritualité à la fin de sa vie, son attirance vers les philosophies orientales, proche de son ami Mircea Eliade, grand spécialiste des religions. Dans la lecture très démonstrative de la pièce qu’en fait Christophe Lidon, rien de cela, c’est l’absolu désespoir de l’homme face à l’injustice que représente pour lui la mort. Le trivial avant tout, le contraire d’une conscience en accord avec l’univers et le cycle inéluctable de la nature.  

« Le Roi se meurt » apparaît  cruel dans ses traits d’humour parfois faciles, sa situation ubuesque est d’un réalisme sans faille et le décor qui s’assombrit, se lézarde, se rétracte, le montre fort bien. C’est Marguerite, la tragédienne, qui redonne un peu de sens  à ce passage vers la mort en accompagnant dignement son mari dans sa sortie de scène.


De la cour au jardin

This is the end…

C’est la fin… Ou presque…Rien ne va plus dans le royaume…

La preuve, le soleil et les nuages n’obéissent plus, les fusées refusent de décoller, les ministres se noient dans les ruisseaux, le palais sombre dans la décrépitude et la déliquescence généralisée, j’en passe et non des moindres…
Et pour cause…

Sa majesté Bérenger 1er n’a plus que quelques minutes à vivre. Le temps du spectacle.
Son médecin l’a pourtant prévenu à l’avance…

Ses deux épouses réagissent d’ailleurs chacune à leur façon à cette nouvelle.
Bien entendu, nous autres spectateurs, nous sommes tous des Bérenger 1er !

Comment allons-nous réagir, lorsque nous nous apercevrons que le temps nous est compté de façon plus ou moins rapprochée et ce, inexorablement ?

Comment nous comporterons-nous, quelle seront nos réactions face à l’inéluctable ?
Christophe Lidon a eu l’excellente idée de « s’attaquer » à l’un des chefs-d’œuvre d’Ionesco, l’une des pièces emblématiques de ce qu’il est convenu d’appeler le théâtre de l’absurde.
Oui, une excellente idée, car tout d’abord, il a osé !

Je ne saurais dénombrer en effet le nombre de « Tu as vu Michel Bouquet dans cette pièce ? » entendus dans la file d’attente du théâtre des Gémeaux parisiens.
Bien entendu, tout ceux qui étaient en âge d’aller voir l’immense comédien dirigé par Georges Werler (il a joué le personnage plus de huit cents fois), tous ceux-là ne peuvent s’empêcher de penser à ce spectacle mythique.
En cette année 2025, Christophe Lidon nous propose donc sa propre version de ce classique du répertoire contemporain, une version on ne peut plus vive, dynamique, dans une mise en scène où la vie règne en maîtresse, alors que le thème principal est paradoxalement celui de l’individu confronté à la mort.

La vie qui va se manifester sur le plateau par l’utilisation intensive des corps.
Ici, sans aucun temps mort, avec beaucoup d’intelligence, les corps des comédiens seront mis à rude épreuve.

On ne compte pas les chutes, les moments à terre, ceux où l’on s’attire, se rejette, où l’on s’étreint, où l’on se poursuit...
Un très beau et très pertinent moment résume parfaitement cette mise en scène qui tire vers la farce plus ou moins macabre, celui où une sorte de cavalcade se déroule tout autour du trône, les comédiens évoluant comme sur le pourtour d’une piste circassienne.
Un cirque à la fois amer et drôle, comme un symbole de course dérisoire où l’on sait bien ce qui se passera dès lors que la ligne d’arrivée se présentera.
Christophe Lidon a réuni sur le plateau une petite troupe d’excellence, qui ne va ménager ni son énergie, ni son engagement pour interpréter tous les protagonistes de l’histoire.
Ici, le roi n’est pas nu, mais presque…

En pyjama la plupart du temps, Vincent Lorimy interprète de très puissante façon ce roi pathétique, au sens premier du terme.

Il réussit parfaitement à faire passer ces trois moments-clefs de la progression dramaturgique de la pièce que sont la dénégation, la révolte et la résignation plus ou moins forcée.

Le comédien excelle dans ce rôle difficile.
Il nous fait certes beaucoup rire, avec des mimiques et des gestuelles très appuyées, ( on pense parfois à un roi de comedia dell'arte), mais il nous émeut énormément.

Passant du statut de puissant d’entre les puissants à celui de « petite chose » sur un fauteuil roulant, il nous propose une remarquable interprétation, à la fois tout en puissance et nuances.

Chloé Berthier (qu’on avait tous tellement applaudie dans Merteuil) et Valérie Alane (qui retrouve également Christophe Lidon, après notamment Mister Cauchemar), incarnent les deux épouses avec elles aussi beaucoup de force, de puissance comique, mais aussi d’intensité dramatique.

Elles sont particulièrement crédibles en interprétant chacune d’entre elle une attitude face à la mort.

Là encore, les deux comédiennes contribuent pleinement à la réussite de cette entreprise dramaturgique.Les irréprochables Thomas Cousseau en médecin-astronome-bourreau, Armand Eloi en garde et Nathalie Lucas complètent la distribution très efficacement.

Les trois font parfaitement passer l’absurdité du théâtre du grand Eugène, notamment grâce à des running-gags (celui du téléphone est épatant…) mis en place par le metteur-en-scène avec beaucoup d’à-propos.
Ce spectacle est de ceux dont il faut écouter attentivement la création sonore.

Celle de Cyril Giroux est remarquable.

J’ai souvent pensé aux compositeurs Philipp Glass ou Steve Reich, avec de grandes nappes de cordes synthétiques répétitives, des ambiances à la fois minimalistes et foisonnantes, des paysages de sons étranges, de bruits non-identifiables. Là encore du beau travail !
Les vidéos de Léonard sont elles-aussi très réussies, très signifiantes.

La dégradation des lieux, du palais, pour ne plus laisser entrevoir qu’un lieu dans lequel les personnages viennent disparaître, tout ceci est très beau et très signifiant.
Vous l’aurez compris, il faut aller assister à cette heure et quart de très beau théâtre.

Christophe Lidon est pleinement parvenu à entrer dans cette pièce, imposant avec succès sa griffe propre, et ce avec quantité de parti-pris tous plus judicieux les uns que les autres.
Ruez-vous sans plus attendre aux Gémeaux-Parisiens !

 

L'Œil d'Olivier
Le Roi se meurt : Célébrons la vie Au Théâtre des Gémeaux, au Festival Off Avignon, Christophe Lidon s’empare avec spiritualité et pertinence de la grande pièce d’Eugène Ionesco.

Comme Bossuet, l’entourage de Bérenger 1er pourrait dire, en cette matinée sans soleil : « ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle »… Le roi se meurt !

Se libérer de nos angoisses

Ionesco est un malin. Son théâtre de l’absurde, savant mélange de comique et de tragique, parle avant tout de la solitude de l’homme et de l’insignifiance de son existence. Dans cette pièce, il aborde un homme face à son inévitable destin, la mort. Ce roi d’un pays en décrépitude, qui a cru en son immortalité, se refuse à accepter l’idée qu’il va mourir dans quelques heures. Sa première réaction est la négation, suivie de près, comme un dernier sursaut, par la révolte. Pour finir, c’est bien de cela qu’il est question, il va se résigner.

Un grand roi

Dans son pyjama, les cheveux hirsutes, Bérenger nous apparaît dans la salle du trône, non pas comme un souverain mais comme un homme d’aujourd’hui. Cette idée est agile. Christophe Lidon place le spectateur dans la tête de cet homme en proie à ses peurs. Ainsi, toutes les « absurdités » du dramaturge prennent sens. À la fois grand enfant capricieux et malicieux, mais aussi dictatorial et de mauvaise foi, Vincent Lorimy est royal. Quel comédien !

Pour deux grandes reines

L’humain est rarement seul face à la mort, il y a son entourage. Celui-ci doit affronter également l’épreuve et chacun le fait à sa manière. À travers les deux Reines, Ionesco met en miroir deux comportements, celui de l’accompagnement et celui du refus. L’esprit pragmatique et le caractère bien trempé, sa première femme, la Reine Marguerite met toute sa puissance pour lui faire accepter la situation. Il faut préparer l’avenir, le royaume en bien besoin. Dans sa robe rouge flamboyante, la longue chevelure brune, Valérie Alane, impériale, confirme la grande comédienne qu’elle est. Son monologue final bouleverse. En bleu et blanc, chevelure blonde en bataille, pleurant à chaudes larmes, Chloé Berthiervirevolte toute à son aise en Reine Marie. Celle qui se refuse à laisser son homme partir.

Des pions imposants

Tel un mage mystérieux, jouant des oracles et des potions, Thomas Cousseau incarne le médecin bourreau. Il excelle dans sa longue tirade prémonitoire sur le temps, les étoiles, le climat. En femme du peuple, servante exploitée, Nathalie Lucas est aussi drôle que touchante. En garde pittoresque, annonçant solennellement les nouvelles de la cour, Armand Eloi est impayable. Cette troupe est accordée à l’unisson par la direction de Lidon. Chacun est à sa place, avec la note juste et du talent à revendre.

Une mise en scène au cordeau

Christophe Lidon fait ressortir toute la richesse de cette parabole tragi-comique et poétique sur l’homme face à sa fin. Comme l’a voulu le dramaturge, cette œuvre est aussi un hommage au théâtre. Le metteur en scène va jouer sur les codes. Le sceptre est le fameux bâtonnier qui servait à taper les trois coups avant la représentation. La salle du trône est conçue comme un décor de film hollywoodien des années cinquante. L’action et les personnages circulent avec aisance autour du trône magistral qui se transforme en lit d’hôpital. Du très bel ouvrage.

La Provence

Bien sûr, on se souvient de Michel Bouquet puis de Michel Aumont qui avaient frappé les esprits dans Le roi se meurt de Ionesco, et semblaient clore le débat quant à l'interprétation du rôle-titre. Ces productions dans lesquelles ils étaient exceptionnels demeurent des monuments de théâtre mais force est de constater que les autres personnages, et avec eux leurs interprètes, disparaissaient quelque peu derrière ce qui étaient des performances.

Dans sa mise en scène inoubliable de densité, Christophe Lidon a choisi de rééquilibrer l'ensemble, en posant d'abord sur le roi mourant un regard très neuf. Ce n'est plus un tyran sanguinaire agonisant qui est face à nous mais un homme en fin de vie, à la mémoire vacillante, déchiré de contradictions, sans doute assoiffé autrefois de pouvoirs et de guerres devenu "un homme fait de tous les hommes. Qui les vaut tous. Et que vaut n'importe qui."

Investissant son rôle du roi Bérenger avec une précision d'orfèvre doublée d'un humilité absolue, Vincent Lorimy tire les larmes. A ses côtés, sa femme Marguerite (Valérie Alane), sa deuxième reine et maîtresse (Chloé Berthier), le médecin, le garde et la servante (Thomas Cousseau, Armand Eloi, Nathalie Lucas), derniers témoins d'un royaume en ruine, ne sont jamais des faire-valoir mais des accompagnants vers la fin de vie plutôt que vers la fin de règne. La maladie et la mort plutôt que la couronne qui vacille, et les ennemis qui tombent. Utilisant la vidéo assez subtilement la pièce est magnifique à voir.


Critique Théâtre Clau

Déroutant, Poétique, Emouvant.
Ionesco, maître du théâtre de l’absurde, a su mêler le tragique et le comique pour parler de l’angoisse humaine face au temps, à la mort, au néant. Cette œuvre, devenue un classique, exprime avec humour et ironie une angoisse profonde liée à la condition humaine : la fin d’un monde, la fin de la vie.

Dans Le Roi se meurt d’Eugène Ionesco, le roi Bérenger Ier refuse d’accepter sa mort imminente. Il s’accroche à son pouvoir, à ses illusions et aux encouragements de la reine Marie. Mais la reine Marguerite, plus lucide, le pousse à affronter la réalité. Autour de lui, tout s’effondre : le royaume disparaît, le temps s’accélère, son corps décline. Comprendra-t-il qu’il ne peut échapper à l’inévitable ?

La mise en scène de Christophe Lidon, malicieusement orchestrée, souligne avec délicatesse l’humour noir et l’ironie qui traversent le texte. L’absurde de la situation nous amuse, mais nous sommes aussi émus par la fragilité de ce roi qui nous ressemble tant.
La scénographie nous plonge dès les premiers instants dans un univers en perdition : une salle du trône en ruine, des fissures aux murs, un roi en pyjama, décoiffé, qui n’a plus grand-chose d’un monarque, juste un homme perdu face à l’inévitable. Le trône devient peu à peu un lit d’agonie, et c’est tout un monde qui s’éteint doucement. Les costumes magnifiques aux soieries scintillantes, le bruitage de  et les jeux de lumière ,  amplifient les émotions.

Le roi Bérenger, incarné par Vincent Lorimy, est bouleversant. Il passe de la révolte à la peur, du déni à l’acceptation avec une justesse rare. Il est d’abord ridicule, capricieux, puis peu à peu profondément humain. 

Les deux reines sont merveilleusement incarnées : la reine Marguerite, jouée par Valérie Alane, majestueuse et élégante dans sa robe rouge carmin, arbore une beauté froide, accentuée par sa magnifique chevelure noire, impose la vérité avec une autorité implacable.
La reine Marie, incarnée par Chloé Berthier, douce et amoureuse, cherche encore à repousser l’échéance. Elle papillonne et tourbillonne autour de ce roi tant aimé.
Le médecin astrologue, interprété par Thomas Cousseau, impitoyable, nous fait frémir. La servante, Nathalie Lucas, et le garde, Armand Eloi, apportent un peu de respiration à l’ensemble, entre absurdité et tendresse. Tous, magnifiques comédiens,
 nous captivent et nous émeuvent par leur talent et a justesse de leur jeu. 

Le Roi se meurt est une pièce à la fois drôle, touchante et profondément humaine.


L'Affiche

C'est peut-être la moins ionescienne de toutes les pièces de Ionesco. La moins ionescienne parce que la plus frontale, peut-être. Si Ionesco parle toujours du genre humain dans ses pièces, là, le sujet est clair et nous touche tous : on parle de l'homme face à sa finitude.

C'est évidemment un sujet qui me touche énormément. La mise en scène fait entendre distinctement les étapes du processus d'acceptation de cet homme face à sa mort prochaine. On entend clairement le désespoir de cet homme qui ne s'est pas préparé à la mort. Cet homme qui a oublié qu'il était mortel, cet homme qui n'imagine pas un monde tourner sans lui. On le voit négocier, tergiverser, essayer d'échapper, gronder mais rien à faire. Le temps se déroule, les minutes passent, la mort se rapproche. Inéluctable. Alors il abdique.

Quel bonheur de réentendre ce texte absolument sublime. Ionesco touche ici à l’essence même de notre condition : nous allons tous mourir. Tous, dans la salle, d'où que nous soyons, rois ou anonymes, nous partageons ce trait. Et il en fait un spectacle. Il le fait tragique, il le fait parfois ridicule, il le fait lucide et surtout profondément humain.

Et même si le sujet est grave, l’absurde rôde. Le désordre qui règne dans ce royaume a quelque chose de risible. Le roi est assez inattendu, plutôt enfantin, comme pour rassurer le spectateur sur sa propre condition : on est encore au théâtre et il est encore l'heure de rire. Et pourtant on entend. La fragilité. Le temps qui passe. La mort qui guette. Et on entend même des choses qu'on n'avait pas entendues jusque-là. Sur la fin du monde, sur les crises à répétition qui ne peuvent qu'évoquer le désordre climatique. Serait-on en train de détourner les yeux… deux fois ? De notre propre fin. Et de celle de notre monde.

Culture Tops

Le roi Bérenger ne veut pas le reconnaître, il va mourir... Son royaume se dégrade et malgré l'accompagnement de ses deux reines et de son entourage, il enrage. Voici le parcours de cet homme jusqu’à la fin, de son pouvoir, de sa vie, de Tout… Christophe Lidon nous offre une merveilleuse version de cette pièce majeure de Ionesco. Il en extrait toute la vertu poétique et romantique pour désamorcer l’angoisse de la mort qui règne sur l’œuvre. Dans une scénographie qui évoque le chaos, il nimbe l’atmosphère d’une couche de tendresse infinie qui permet à Valérie Alane (bouleversante et éblouissante Reine Marguerite) et à Chloé Berthier (merveilleuse et irisante Reine Marie) de tourner comme deux astres autour de ce magnifique soleil qui se meurt incarné par Vincent Lorimy. Son interprétation de Bérenger est tout simplement extraordinaire de fragilité et tragique . On reconnait dans tous les caractères qui entourent ce roi la parfaite maitrise de la direction d’acteurs de Christophe Lidon. Il émane de la part de toute la troupe une jubilation et une parfaite écoute qui fait mouche à chaque instant sur le public. Une mise en scène qui fera date, à n’en pas douter et qui mérite que vous vous y précipitiez.


Tatouvu

Je lis, tu lis, il ... Lidon ? C'est donc une lecture nouvelle de l'œuvre mythique de Ionesco que nous propose Christophe Le Bien-aimé au Royaume des Gémeaux. Elle résonne plus que jamais au moment où la planète craque de toutes parts. La scénographie, les décors, les costumes sont de... Non, vous n'êtes plus « Au théâtre ce soir » et Caldwell et Hart sont depuis longtemps remplacés par des hommes-orchestres de la trempe du Roi Lidon. Ayant l'œil sur tout, il fait...tout ! Il habille la scène comme les acteurs, qui sont - majestueusement - à son service depuis deux décennies et contrairement à la pièce, donnent à son royaume stabilité et éclat. Si, chez ionesco, « Le Roi se meurt », aux Gémeaux, il est plus que jamais vivant, captivant, bouleversant !

En Absurdie, fief de Béranger, on ne voit pas, on ne veut pas voir, on s'accroche à des hochets comme le sceptre, la couronne, la favorite qui pleure et qui rit et, pendant ce temps-là, comme disait feu Chirac - on excusera le jeu de mots - « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». C'est ce monde de l'impermanence, du volatile, où chacun est appelé à mourir, malgré son semblant de pouvoir dont il use et abuse que pointe Lidon avec une théâtralité très esthétisante. Les ministres, garde rapprochée de Béranger sont tombés à l'eau, le peuple - ses sujets donc - sont réduits à peau de chagrin, la favorite perd son philtre d'amour, le médecin-bourreau part avant la fin. Les messages radio, comme sur une croisière, s'entrechoquent : on annonce, on corrige, tout se précipite. Le médecin, qui se pique d'expertise, annonce, du haut de sa lunette et des rapports-vidéo, l'inexorable fin, minutée de surcroit. La Reine-bis, en guide avisée, le soutient, elle joue les Cassandre et subit les foudres du Roi. Faisant fi de la réalité en mode « Le Roi se meurt ...mais ne se rend pas » alors que la fissure s'agrandit sur le mur, Béranger s'accroche désespérément. C'est un roi-marionnette terriblement humain, qui revoit toute sa vie défiler, qui se délecte à écouter ses pseudo-actes de bravoure égrenés par un pseudo-chambellan, qui se rassure dans les bras de la Reine. C'est un Roi humain avec ses fragilités, son aveuglement. Il est ridicule, pathétique et porte à rire mais quelque part, il nous ressemble, il est comme nous, banal et mortel ! La pièce résonne plus que jamais avec ces crises à répétition, pandémies, crues, séismes. Assistons-nous, comme Béranger, à la fin d'un monde ? Et si notre petit orgueil, notre vanité de petit despote et celle de nos dirigeants refusaient de voir le néant qui nous attend... ? Car malgré les pouvoirs de droit divin que semble s'octroyer Béranger, sa fin de vie est une « banale song » où l'œil se ferme, où la raison s'égare, où - ironie du sort - la Reine-bis, la mal-aimée, assure les soins palliatifs avant le passage au Rien. En desserrant le poing qui renferme son château devenu château de sable, les derniers grains du sablier de sa vie sont tombés. Sur le mur, on assiste à l'éboulement final.
Le théâtre a cette vertu de lanceur d'alerte et c'est à dessein qu'avec une scénographie, des éclairages et une bande-son - tous résolument modernes - que Christophe Lidon nous offre une vision très actuelle du « Roi se meurt ». Empreinte d'humanisme et de poésie, avec une fantasmagorie à la Tim Burton, elle est non plus centrée sur le seul Roi mais devient chorale avec, au passage une troupe au cordeau qui vibrionne autour de Béranger (que campe le touchant Vincent Lorimy). Vive Le Roi Lidon !


Au Balcon

Cette oeuvre majeure du XXème siècle, en forme de parabole tragi-comique, emprunte le chemin de l’humour pour nous toucher au coeur.

Le roi Bérenger ne veut pas le reconnaître, il va mourir.... Son royaume se dégrade et malgré l'accompagnement de ses deux reines et de son entourage, il enrage. Voici le parcours de cet homme jusqu’à la fin, de son pouvoir, de sa vie, de Tout… Avec ce texte devenu classique, Ionesco nous offre un chemin, inspiré du Livre des morts tibétain et de ses étapes, il nous accompagne tout au long de l'apprentissage de la mort. Quelle intuition d'écriture, quelle philosophie du Théâtre ! Tout en rythme et rupture de ton, cette pièce nous émeut et nous fait sourire de notre humanité si imparfaite, elle nous prend par la main et par l'âme vers un rien inévitable.

Décapant, poétique, désarmant, inattendu, il nous mène droit vers « une sorte de libération de notre angoisse »

La condition humaine !
Eugène Ionesco a écrit cette pièce en 1962, elle occupe une place centrale dans son œuvre. Pilier du théâtre de l'absurde, Le Roi se meurt parvient à traiter de la mort avec une combinaison unique de gravité et d'humour.
Dans une salle du trône, au décor magnifique et délabré, tout se lézarde.
Le Roi arrive suivi de ses deux reines.
Il va mourir .....
Vêtu d'un pyjama, le cheveux hirsute, il n'a plus rien de royal, il est chacun de nous face à l'inéluctable.
La Reine Marguerite, sa première épouse, est la voix de la raison.
Froide, lucide, c'est elle qui lui annonce sa mort imminente.
Sa seconde épouse, la Reine Marie, est au contraire la voix des émotions.

Pleine d'amour, elle tente de réconforter le Roi jusqu'au bout.
Le médecin est la conscience collective, que le monarque refuse d'écouter, tandis que Juliette, la bonne à tout faire, représente le peuple, ignoré du Roi et de sa cour.
Quant au garde, il se contente désormais de répéter les nouvelles.
Bérenger 1er, comme tout un chacun, refuse tout d'abord la fin, lutte contre l'engloutissement puis abdique, son déclin physique ne lui laissant pas le choix.
La mise en scène de Christophe Lidon, brillante, plonge le spectateur dans les dernières heures de la vie de cet homme et nous fait entendre toutes les absurdités du texte.
Les comédiens sont magnifiques, chacun d'entre eux est un symbole fort qui au fil de la pièce se détache du Roi.
Vincent Lorimy, époustouflant en vieil homme capricieux et de mauvaise foi, mais aussi touchant par ses peurs et sa résignation.
Valérie Alane, Reine magnifique avec ses longs cheveux noirs et sa robe rouge.
Chloé Berthier, dont la puissante empathie est le contrepoint des autres personnages.
Thomas Cousseau est impérial, tout à la fois médecin et oracle lisant dans les étoiles.
Nathalie Lucas et Armand Eloi, sont les deux personnages du peuple qui apportent de l'humour.
Une tragi comédie qui nous renvoie à notre propre fin, toujours trop vite, toujours trop tôt.
Brillant !


Art scène radio

Sous les voûtes du Théâtre des Gémeaux, à 18h10 précises, résonnera durant le mois de juillet l’une des plus puissantes méditations théâtrales du XXe siècle. Le Roi se meurt, chef-d’œuvre d’Eugène Ionesco créé en 1962, revient sur scène dans une nouvelle mise en scène de Christophe Lidon, servie par une distribution de haute volée. Une pièce grave et drôle, lyrique et désarmante, où l’absurde rencontre la vérité nue de la condition humaine.

Le roi Bérenger Ier va mourir. Il le sait, mais refuse de l’admettre. Son royaume se délite, le temps s’accélère, l’univers vacille, mais l’homme, dans sa toute-puissance illusoire, résiste à l’évidence. Entouré de ses deux reines — l’une douce et résignée, l’autre sévère et autoritaire — et de quelques figures de cour, il traverse, non sans fracas, les étapes de son agonie. C’est un effondrement à la fois intime et cosmique, une parabole tragique et cocasse du passage vers la fin.

Christophe Lidon signe une mise en scène limpide et généreuse, où le texte de Ionesco est restitué dans toute sa force poétique et philosophique. Inspirée du Livre des morts tibétain, la pièce est conçue comme un chemin initiatique vers l’acceptation de la mort. Loin d’un drame noir et figé, Le Roi se meurt joue de ruptures de ton, de fulgurances absurdes, de moments d’émotion suspendue. L’humour y affleure sans cesse, grinçant, tendre ou burlesque, comme une façon de tenir à distance l’angoisse pour mieux la regarder en face.

Vincent Lorimy incarne un roi Bérenger bouleversant d’humanité : orgueilleux, capricieux, attendrissant, il traverse avec une rare justesse toutes les nuances de cette lente dépossession. À ses côtés, Valérie Alane et Chloé Berthier forment un duo de reines magnifiquement contrastées, dans un jeu d’équilibre entre raison et passion. Armand Eloi, Thomas Cousseau et Nathalie Lucas complètent cette distribution avec finesse, donnant à chaque personnage une densité et une vérité palpable.

Ce Roi se meurt s’impose comme l’un des moments forts de ce Festival OFF 2025. Non seulement parce qu’il ravive une œuvre essentielle du théâtre contemporain, mais aussi parce qu’il interroge avec une acuité intacte nos illusions de maîtrise et notre rapport au temps, au pouvoir, à l’effacement. Ionesco disait vouloir « libérer de l’angoisse » : ici, il y parvient avec grandeur. Un théâtre qui touche l’âme, sans jamais renoncer à la beauté du geste artistique.


au Théâtre des Gémeaux Parisiens 
à partir du 8 novembre 2025
du mercredi au samedi à 21h
le dimanche à 15h30
Le Roi se meurt