Acte 2

Belles de scèneAvignon 2022

 

extraits de presse


Tout est beau, juste, grandiose dans la forme et le fond. La salle se lève comme un seul homme à la fin.
Le Figaro

La mise en scène est pleine de peps. Le ton, léger, contrebalance la profondeur de la thématique. Une pièce passionnante portée par l’interprétation de haute volée de Vincent Heden, tout aussi virtuose en femme shakespearienne qu’en homme bafoué par les contradictions de son époque. 
Le Parisien


Avec humour, et sensibilité ces « Belles de scène » sont un joli moment.
L'Humanité

Une immense réussite ! Un bel hommage au théâtre, aux femmes et à l’amour. Voilà le cocktail détonnant du nouveau spectacle immanquable de Stéphane Cottin.

Foudart

 

Enchainement de scènes de groupe et de moments plus intimes et confidentiels, la pièce est une véritable réussite d’équilibre et de finesse. Une pièce qui fait office d’hommage au théâtre, aux comédiens et aux comédiennes ! Bref, on recommande !

ManiThea

 

Ce délicieux spectacle qui s’appuie sur une réalité historique mêle avec beaucoup de malice les thèmes du masculin et du féminin dans une intrigue où le théâtre occupe le premier rôle.

Arts-Chipels



la pièce


Londres, 1661.

Après dix-huit années de fermeture imposée par la révolution puritaine, les théâtres ouvrent à nouveau.

La loi interdisant toujours aux femmes de se présenter sur scène, Edward Kynaston, comédien adulé et coqueluche du « tout Londres », est l’interprète incontesté des plus grandes héroïnes de Shakespeare. 

Jusqu’au jour où sa jeune habilleuse parvient à jouer sur une scène concurrente dans la plus flagrante illégalité. Intrigué par l’audace de la jeune femme, le Roi rétablit le droit pour les femmes de jouer au théâtre et interdit à tout homme d’interpréter des rôles féminins. 

Privé de son gagne-pain, de ses appuis et finalement de son identité, Kynaston voit sa vie entière basculer à jamais. 

Parviendra-t-il à trouver une nouvelle voie pour exercer son art ?  

Une histoire inspirée de faits historiques, sensible et cruelle, cocasse et émouvante. Un récit au souffle shakespearien qui nous entraîne dans le sillage de personnages hauts en couleur, tour à tour petits et grandioses, mesquins et superbes, Poétiques…Drôles… Humains.



note d'intention

La pièce de Jeffrey Hatcher est parcourue de bout en bout d’un souffle enchanteur et d’une énergie enthousiasmante. Mêlant, avec une grâce tout à fait singulière, faits historiques avérés, dérision et humour, élans de pur romantisme et questionnements politiques ou existentiels. « Belles de scène » est un hymne à toutes les passions. Celle du théâtre bien sûr, celle de l’amour mais plus généralement celle de « l’autre », celle de la vie …

 

Tout en nous adonnant sans retenue aux plaisirs d’un voyage dans le Londres du 17e siecle, c’est avec une troupe aussi resserrée que mobile que nous nous efforceront de rendre les protagonistes de cette histoire (qui ont tous existé) aussi incarnés et proches du public contemporain que possible. Nous aurons notamment le souci constant d’un code de jeu concret et sans fioritures inutiles : si les perruques poudrées seront parfois sur nos têtes, elles ne devront jamais être dans nos têtes…

 

C’est avec la plus grande excitation et le plus grand enthousiasme que nous somme prêt à faire nôtre cette phrase du personnage de Kynaston qui résonne tout particulièrement à nos oreilles aujourd’hui :

 

 « La tempête est passée, ce monde est révolu

    Ni remords, ni regret pour ce qui est perdu

    Que demande celui qui a joui, qui eut tout

    Il ne demande rien, il joue, il joue, il joue. »


de Jeffrey Hatcher


adaptation Agnès Boury, Vincent Heden, Stéphane Cottin

 

mise en scène et scénographie Stéphane Cottin

 

avec

Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Emma Gamet,
Vincent Heden, Jean-Pierre Malignon, Sophie Tellier

 

lumière Moïse Hill

costumes Chouchane Abello-Tcherpachian

musique Cyril Giroux

assistante mise en scène Victoire Berger-Perrin

production François Volard - Acte 2,
Fond de dotation Dominique Gay, Hauteroque Capital, Leo Théâtre, Sésam’ Prod

avec le soutien de l’Athénée – Le Petit Théâtre de Rueil-Malmaison

 


La Provence

Au XVII éme siècle en Angleterre, les femmes n'avaient pas le droit de paraître sur scène. C'était donc les hommes qui endossaient les rôles féminins. Jusqu'au jour où une loi va interdire aux hommes de jouer les rôles féminins et permettre ainsi à des femmes de devenir des actrices.

William Shakespeare est à l'honneur dans Belles de scène et particulièrement Othello. La pièce joue de facçon très habile sur l’ambiguïté des sexes et des acteurs. Non contents de vendre leur âme au diable, ces individus se permettaient en plus de laisser planer le doute sur leur genre! Belles de scène traite ce sujet avec un certain humour mais surtout avec beaucoup d'humanité. Et si un acteur ne voulait jouer que des rôles de femme ? N'est-ce pas là l'aboutissement de toute carrière de comédien que de pouvoir changer de sexe sous couvert d'art ? La mise en scène fait la part belle aux comédiens. Six acteurs évoluent dans ce théâtre élisabéthain sur le déclin, fruit d'une Angleterre corsetée. On saluera tout particulièrement la performance de Vincent Heden qui mélange les rôles, les genres, les ambiguïtés de façon troublante. Le monde du théâtre est croqué de façon cruelle, laissant poindre les jalousies, les rivalités et les angoisses dont chaque comédien est familier à un moment donné de sa carrière. S'inspirant d'une histoire vraie et de personnages réels, la mise en scène compose un bel ensemble pour ce spectacle. Si Belles de scène est une ode à la vie et au théâtre, elle n'en est pas moins un traité de tolérance et au partage. En ces temps de disette solidaire, il est fort salutaire de s'en rappeler.


Le Figaro
coup de coeur !

1661 à Londres. Les hommes jouent le rôle des femmes qui n’ont pas le droit de jouer sur scène. Ainsi Edward Kynaston (1640-1706), considéré comme un comédien shakespearien incarne avec succès Desdémone dans Othello. Mais la loi change pour laisser la place au sexe faible. Jeffrey Hatcher nous plonge dans un siècle que revisitent librement et avec finesse un trio gagnant : Agnès Boury, Vincent Heden qui endosse le costume de Kynaston et Stéphane Cottin, également metteur en scène. Que dire ? Tout est beau, juste, grandiose dans la forme et le fond. La salle se lève comme un seul homme à la fin.


Le Parisien

« Belles de scène » : homme-femme, mode d’emploi 

Une pièce terriblement d’actualité dans sa réflexion sur le genre. Cyrille Valroff Bienvenue à Londres en 1661. Tous les soirs, Édouard Kynaston brûle les planches en jouant Shakespeare. Particularité : cet homme est spécialisé dans les rôles féminins, Desdémone en tête. Impensable, en effet, à cette époque de voir une femme jouer une femme. Jusqu’à un coup de théâtre qui rebat les cartes et empêche Kynaston — par ailleurs amant du duc de Buckingham — de continuer à se travestir sur scène. Par la force des choses, il va apprendre à Maria, son ancienne disciple, à se glisser dans la peau de Desdémone... 

Terriblement d’actualité dans sa réflexion sur le genre, « Belles de scène » dévoile un chapitre de l’histoire théâtrale méconnu. La mise en scène est pleine de peps. Le ton, léger, contrebalance la profondeur de la thématique. Une pièce passionnante portée par l’interprétation de haute volée de Vincent Heden, tout aussi virtuose en femme shakespearienne qu’en homme bafoué par les contradictions de son époque. 


L'Humanité

Un véritable épisode du théâtre dans l’Angleterre des années 1660

Pendant dix-huit ans, à Londres, les puritains ont obtenu que les théâtres et autres lieux de distraction ferment leurs portes. Enfin c’est leur réouverture. Avec une restriction de taille, les femmes n’ont toujours pas le droit de monter sur une scène et leurs rôles féminins sont interprétés par des comédiens hommes. Mais en 1661 Charles II abolit cette discrimination.

Telle est l’histoire (vraie et romancée) écrite par Jeffrey Hatcher, mise en scène par Stéphane Cottin qui l’interprète avec Patrick Chayriguès, Emma Gamet, Vincent Heden, Jean-Pierre Malignon, Sophie Tellier. Le comédien Edouard Kynaston, qui s’est fait une spécialité d’interpréter les rôles féminins voit son univers s’écrouler. Son amant, le puissant Duc de Buckingham l’abandonne à son sort. Avec humour, et sensibilité ces « Belles de scène » sont un joli moment.

L’œil d’Olivier

Agnès Boury, Vincent Heden et Stéphane Cottin signent une très belle adaptation de la pièce de l’américain Jeffrey Hatcher,Complete Female Stage Beauty. Devenue sous leurs plumes Belles de scène, la fresque enchante le théâtre des Gémeaux.

Par sa facture scénographique, sublimé par la mise en scène de Stéphane Cottin, le spectacle porte hauts les couleurs du théâtre post-élisabéthain. Par sa construction, on songe au Kean de Dumas fils. En-tout-cas, il y avait longtemps que le théâtre ne s’était pas rendu un si bel hommage. Cette histoire du passé résonne si fort à notre présent, que l’on ne peut être que d’accord avec ce cher Marx : L’histoire ne se répète pas, elle bégaye.

Que la fête commence.

Nous sommes en 1661. Cela ne fait pas si longtemps que les théâtres anglais ont réouvert leurs portes. Car en 1642, Cromwell, décrétant que tous les comédiens étaient des « coquins punissables », avait obtenu leur fermeture. Aujourd’hui, cet acte nous l’avons éprouvé, moins longtemps certes, mais c’était déjà trop ! Le passage où le personnage de Samuel Pepys (Patrick Chayriguès), chroniqueur de l’époque, évoque sa joie retrouvée, est de toute beauté.

Nous sommes en 1661. Les rôles des femmes sont tenus par les hommes. On peut dire même qu’à part pousser la chansonnette en se trémoussant dans les cabarets, leur place n’est pas sur scène. Ce qui n’est pas le cas en France, où les actrices professionnelles apparaissent dès 1629. On adore le personnage de Nell (Sophie Tellier), actrice en herbe et maîtresse du roi Charles II (Jean-Pierre Malignon). C’est grâce à elle, que les choses vont changer.

Jouer à perdre la raison

Nous sommes en 1661. Qui sont ces acteurs qui incarnent les femmes sur scène ? Quelle est leur place dans la société ? Pour reprendre le slogan de Jean-Paul Goude dans sa pub Eram® : Est-ce une fille où un garçon ? Un garçon cheveux ou une fille en pantalon ? C’est là la question ! Edward Kynaston (Vincent Heden) est la vedette de Londres. Il excelle en « maniérant » les traits féminins. Il fait un tabac en Desdémone, la belle épouse d’Othello. Alors quand le décret du roi annonce l’interdiction aux comédiens de se glisser dans les rôles féminins son monde s’écroule. Il est poignant ce personnage ambigu. Surtout lorsqu’il raconte comment on l’a obligé, dès sa plus jeune enfance, à apprendre les codes féminins pour devenir actrice. En perdant sa « féminité » scénique, il perdra l’amour de son amant le duc de Buckingham (Stéphane Cottin).

Nous sommes en 1661. Les femmes n’ont pas leur place dans la société. Sois mère et tais-toi, où servante et cela sera bien. Maria (Emma Gamet) est l’habilleuse de la star. Elle rêve de jouer. Ce qu’elle va faire, mal soit, mais elle a osé. Cette nouveauté séduit Sir Charles Sedley (Patrick Chayriguès, à nouveau). Si son acte a causé la déchéance de Kynaston, il a ouvert la porte des théâtres à toutes les femmes. Bien que blessé dans son cœur, ce dernier va lui apprendre à devenir une « grande » actrice. En retour, elle le fait homme sur scène. Car un acteur peut tout jouer.

Et que vive le théâtre !

Nous sommes en 1661 et nous sommes en 2022. Car cette pièce, par bien des aspects, nous parle encore, même dans certains clichés. L’interprétation des comédiens est un sans-faute. Ce bel hommage au théâtre et à ces animaux étranges, qui le font vivre, est un des grands succès de cette édition du Festival Off d’Avignon. Et c’est tout mérité.

 

Web Théâtre

Jefrey Hatcher est un dramaturge et scénariste américain. Il a écrit la pièce de théâtre Compleat Female Stage Beauty, qu’il a ensuite adaptée pour le cinéma sous le titre Stage Beauty (2004). La pièce s’inspire des références à l’acteur du XVIIe Edward Kynaston consignées dans le journal intime tenu de 1660 à 1669 par le chroniqueur et administrateur naval Samuel Pepys qui évoque des événements majeurs de son temps.

La pièce de Hatcher se déroule à Londres. Nous sommes en 1661. Après une longue période d’austérité, les théâtres peuvent enfn rouvrir sur l’ordre du roi Charles II. Nous découvrons l’acteur Edward Kynaston jouant la scène de la mort de Desdémone, l’épouse d’Othello dans la pièce de Shakespeare. Le jeu est excessif et caricatural pour le spectateur du XXIe siècle, mais à cette époque Kynaston est admiré pour ses rôles féminins que seuls les hommes travestis peuvent jouer puisque la loi interdit aux femmes de monter sur scène. Kynaston s’insurge d’ailleurs contre l’émancipation des femmes et déclare «Une femme qui joue une femme? où est l’enjeu? Où est la prouesse?» Mais les mœurs évoluent et il en fait directement l’expérience en découvrant que Maria, sa fdèle habilleuse, a repris son rôle dans un théâtre voisin et est devenue la nouvelle coqueluche. Colère, déception, tristesse, tout son monde s’écroule ; une nouvelle loi lui interdit de jouer des rôles féminins et son amant et protecteur le duc de Buckingham le quitte. Une chute sociale, une trahison sentimentale et une remise en question de son travail de comédien qui lui permettront fnalement d’évoluer et de jouer plus tard, de manière plus juste, dans des rôles masculins. La pièce, dans une mise en scène rythmée de Stéphane Cottin, vise à présenter un aspect du théâtre anglais remis en question à un tournant fondamental pour l’art dramatique au XVIIe siècle. Terminées les déclamations ampoulées, le public aspire à plus de naturel dans l’interprétation. A travers le personnage historique Kynaston, sont abordés les doutes de l’artiste, les blessures de cet homme travesti adulé et rejeté, l’homosexualité vécue dans l’ombre et la question du genre. Belles de scène évoque aussi la puissance des protecteurs qui imposent ou ruinent la carrière d’un artiste, la grivoiserie de certains. La maîtresse du roi, Nell Gwynn rêve d’être comédienne et s’emploie à convaincre Charles II que les femmes aussi peuvent jouer la comédie.

Les comédiens conduisent avec talent ce spectacle au rythme soutenu. Chouchane Abello Tcherpachian a conçu de beaux costumes d’époque. L’humour, quelques situations cocasses voire des scènes parfois coquines contribuent au ton enlevé de cette comédie historique d’une facture classique qui nous renseigne sur certaines règles et pratiques régissant le théâtre anglais au XVIIe siècle.

 

Tous les Théâtres

Une pièce instructive, dont la mise en scène brillante et les personnages touchants, en font une grande réussite ! À ne pas manquer durant le festival 2022.

En 1661, à Londres, après 18 ans de fermeture, les théâtres ouvrent à nouveau.
À cette époque, tous les rôles sont joués par des hommes, y compris ceux des femmes, ce qu’Edouard Kynaston (Vincent Heden) excelle en la matière. C’est « la » star incontestée et acclamée interprétant les rôles de femmes.
Sa notoriété immense, le rend quelque peu vaniteux et présomptueux. Il a le sens de la formule, parfois quelque peu acide. Mais qu’importe après tout : il est brillant.
Hélas, le roi Charles II (Jean-Pierre Malignon) a une maîtresse (Sophie Tellier) qui s’imagine avoir suffisamment de talent pour être comédienne. Elle le mène par le bout du nez, et lui fait décréter que dorénavant, les rôles féminins devront être joués par des femmes et non des hommes.
Pour Kynaston, « c’est un coup d’esbroufe ». Pour lui, « Une femme qui joue une femme ? Où est l’enjeu ? Où est la prouesse ? ».
Cependant, la décision est irrévocable. Tout bascule. Commence alors la lente décente aux enfers de Kynaston. Même Maria (Emma Gamet), son habilleuse, va lui planter un couteau dans le dos.
S’en relèvera-t-il ? Comment va-t-il continuer à vivre ? Le Duc de Buckingham (Stéphane Cottin), jusqu’alors toujours très proche de Kynaston, va-t-il l’abandonner ?
L’intrigue est passionnante. Les dialogues sont efficaces. Le jeu de tous les comédiens est convaincant.
Le décor imposant est constitué notamment d’une scène derrière laquelle sont montées et descendues des toiles peintes, tout comme s’il s’agissait d’un véritable théâtre. C’était un pari risqué, mais totalement réussi que d’avoir choisi autant d’éléments de décors. Surtout quand on sait qu’au OFF, entre deux spectacles, les troupes ont une trentaine de minutes pour démonter le décor du spectacle précédent, et installer celui de la pièce suivante ! La prouesse est réalisée tous les soirs par l’équipe de « Belles de Scènes », pour cette magnifique pièce instructive, aux personnages pittoresques. Vincent Heden interprète magnifiquement le très attachant Kynaston. Il fait ressentir aux spectateurs sa fragilité sous son apparente carapace. Inspirée de faits historiques, cette pièce permet de découvrir une partie méconnue de l’histoire du théâtre britannique.
« Belles de Scènes » est incontestablement une des meilleures pièces du Off 2022.
À voir absolument !


Critique Théâtre

Londres 1661, les théâtres fermés depuis 1647 ont de nouveau ouvert mais , il est toujours interdit aux femmes de jouer.
Edouard Kynaston est auréolé et applaudi pour ses rôles d’héroïne shakespearienne, notamment Desdémone. Adoré de tous, amant secret du Duc de Buckingham.

Le chamboulement arrive lorsque Maria son habilleuse joue Desdémone dans un théâtre rival.

Les femmes se permettent de jouer les rôles de femmes, mais de quel droit ?

Le roi Charles II loin de réprimander Maria, rétablie le droit aux femmes de monter sur scène et impose aux hommes de jouer des rôles d’hommes.

Edouard Kynaston sait- il jouer des rôles d’homme ?

La mise en scène de Stéphane Cottin est dynamique, les scénette s’enchainent avec naturel et beaucoup d’enthousiasme.

C’est bouillonnant, nous sommes entrainés dans cet épisode de l’histoire du théâtre en compagnie de personnages ayant réellement existé qui nous émeuvent et nous amusent.

Les costumes de Chouchane Abello Tcherpachian sont somptueux, colorés, soyeux et créent de magnifiques tableaux.

Les lumières de Moïse Hill et la musique de Cyril Giroux intensifient les émotions.
Les comédiens : Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Emma Gamet, Vincent Heden, Jean-Pierre Malignon, Sophie Tellier, nous régalent et nous réjouissent de par leurs talents et leur vitalité. Nous ressentons une grande complicité entre eux. C’est joyeux, pétulant et réjouissant.

 

Sur les planches

Le théâtre des Gémeaux met à l’honneur un spectacle haut en couleur de Jeffrey Hatcher, Belles de scène. Ce spectacle, haut en couleur, mis en scène par Stéphane Cottin nous plonge dans l’Angleterre du XVIIe siècle où le théâtre Elisabéthain et la politique avaient alors conçu un mariage de raison. 

L’année 1661 marque le retour du théâtre dans la société anglaise, après une fermeture de dix-huit années de fermeture consécutives à la révolution puritaine qui avait déferlé sur le pays. La loi interdisant toujours aux femmes de se présenter sur scène, le théâtre, dit Elisabéthain, était l’apanage des comédiens exclusivement masculins. L’histoire prend forme avec un comédien de renom Edward Kynaston, qui interprète avec brio les plus grandes héroïnes de Shakespeare, et notamment Desdémone. Un jour, sa jeune habilleuse, trouve le moyen de se produire dans un rôle de femme dans un théâtre concurrent en obtenant une notoriété importante et inespérée. Son audace est de nature à fragiliser la carrière de Kenystone. Et c’est à ce moment précis que Charles II choisit de démocratiser le théâtre en donnant l’accès aux femmes et en interdisant désormais aux hommes des rôles de femmes.

Cette pièce, qui rend hommage à Shakespeare est fort drôle, sensible, cruelle et dispose d’un fort joli texte. Une partie de la scénographie représente une salle de théâtre qui convoque du public par la projection d’animations de personnages. Enfin en premier plan, une scène de théâtre tient également lieu de lit. Saluons l’intelligence de cette scénographie et la beauté des costumes qui donnent à cette pièce le cachet de cette époque. Notons une belle distribution qui contribue à assoir une réalité historique marquant un tournant majeur dans le théâtre anglais du XVIIe siècle. Les comédiens, tous excellents, nous régalent de leur talent en créant une ode à l’amour, aux femmes et bien au au théâtre.


Spectatif

Un spectacle captivant par son récit, sa mise en vie et sa brillante interprétation.

Du travestissement des comédiens lié à l’interdiction faite aux femmes de jouer dans le théâtre Elisabéthain jusqu'en 1660, à la quête de reconnaissance féminine, en passant par le romantisme d'histoires d'amours interdites, empêchées et nouées, la pièce de Jeffrey Hatcher nous transporte dans une romance historique passionnante.

« Londres 1661, Edouard Kynaston est un comédien célèbre. Interprète incontesté des grandes héroïnes de Shakespeare, il excelle notamment en Desdémone. Il est également la coqueluche du Tout Londres et l'amant secret du très puissant Duc de Buckingham. Sa suprématie s'écroule le jour où Maria, son habilleuse, joue Desdémone dans un théâtre rival… Amené par la suite à diriger celle par qui le malheur est arrivé, il enseigne à Maria l'art de jouer une "vraie" femme et découvre chemin faisant comment jouer lui-même un homme. »

Cette interdiction faite aux femmes de jouer sur scène a posé et nous pose encore nombre de questions. La subordination de leur statut social à la domination masculine, l'identité de genre au théâtre, la transposition artistique, la psychologie de l'interprétation. Questions que le texte de Hatcher soulève et traite dans une fiction documentée captivante. La mise en vie de la pièce lui donne une place éclatante et un  écho retentissant par une impressionnante représentation scénique.

L’adaptation de Agnès Boury, Vincent Heden et Stéphane Cottin, et la mise en scène extrêmement inventive et soignée de Stéphane Cottin assisté par Victoire Berger Perrin sont conçues à la façon d’une épopée mais n’oublient pas de laisser paraître la sensibilité et la passion qui animent les personnages, que la distribution nous montre avec un brio et une fluidité remarquables.

L'esthétique de la scénographie, des costumes et des lumières, que le musique rehausse, construit un spectacle brillant, empreint d'un réalisme naturaliste et merveilleux, illuminant la place laissée à la troupe. Les jeux sont précis, habités, la vérité des sentiments est flagrante et nous cueille. Toute la distribution nous ravit. Patrick Chayriguès, Stéphane Cottin, Jean-Pierre Malignon et Sophie Tellier sont littéralement, toutes et tous, brillants et totalement engagés. Une mention particulière pour Emma Gamet et Vincent Heden, véritablement impressionnants. Il y a du sensible, de l'éclat et du splendide dans l'ensemble de cette interprétation.

Un superbe moment de théâtre, tout en beauté, qui nous transporte et sait nous tenir en haleine, nous séduire tout le long. Une très belle découverte du festival.


Foudart

Oyez, Oyez, Mesdames… Ce spectacle vous propose une histoire inspirée de faits historiques?

Une histoire sensible et cruelle, cocasse et émouvante.

Un récit au souffle shakespearien qui nous entraîne dans le sillage de personnages hauts en couleur…

Mesdames, à vous de jouer !

Londres 1661. Edouard Kynaston, comédien idolâtré et « homme » de son état, est l’interprète incontesté des grandes héroïnes de Shakespeare et excelle notamment en Desdémone, jusqu’au jour où… Maria, son habilleuse, joue sa Desdémone dans un théâtre rival… et que le Roi Charles II, s’en mêle !

Une femme qui joue une femme ? Où est l’enjeu ? Où est la prouesse ? Edward Kynaston

« Si les perruques poudrées seront parfois sur nos têtes, elles ne devront jamais être dans nos têtes »

Entre gloire, humiliation et déchéance, à partir de personnages qui ont tous réellement existés, nous partons, avec plaisir pour un voyage, une aventure poétique et drôle vers les coulisses du théâtre de Londres du 17è siècle.

Une immense réussite ! Un bel hommage au théâtre, aux femmes et à l’amour.

Une très belle pièce de Jeffrey Hatcher, une super adaptation contemporaine d’Agnès Boury, Vincent Heden, Stéphane Cottin, un magnifique décor sublimé par des projections très réussies et une troupe géniale avec notamment Patrick Chayriguès, Sophie Tellier, font de ce spectacle enchanteur et plein d’énergie, un immense coup de coeur.

Faits historiques, dérision, amour, romantisme et humour.

Voilà le cocktail détonnant du nouveau spectacle immanquable de Stéphane Cottin. 


ManiThea

Nous sommes en 1661 et la pièce commence par une représentation d’Othelo avec dans le rôle de Desdémone l’interprète star de l’époque : Edward Kynaston.

C’est la » femme » la plus célèbre d’Angleterre. En effet, à cette époque, les femmes n’ont pas le droit de jouer sur scène, situation dont Edward Kynaston profite, en faisant usage de sa beauté et de son habileté à interpréter avec brio les grands rôles féminins du répertoire. Il a été formé très jeune à féminiser tous ces gestes et remporte sur les planches un véritable succès. Mais c’est bientôt la fin de son apogée car le roi, avide de surprise, souhaite du renouveau dans le théâtre. Alors, quand une jeune femme ose interpréter Desdémone dans un théâtre conçurent, c’est le début de sa chute, et de sa vie brisée par l’évolution de la loi.

C’est ce qui nous touche dans cette pièce, le passage de la lumière à l’ombre, du succès à la déchéance de cet homme qui a tout donné pour le théâtre et qui s’en voit privé du jour au lendemain.

Mais la pièce est également très drôle, efficacement rythmée et dynamique. Les répliques et les bons mots fusent, et les tableaux s’enchainent dans une cadence énergique. Les comédiens sont tous excellents et participent grandement à la réussite de ce bon moment de théâtre.

La scénographie est tout à fait soignée et réussie, tableau de décor de théâtre, et bout de scène symbolisent l’espace scénique où les comédiens donnent leurs représentations. Le reste du plateau étant utilisé pour les scènes backstage. On notera également les costumes, particulièrement étudiés et raffinés.

Enchainement de scènes de groupe et de moments plus intimes et confidentiels, la pièce est une véritable réussite d’équilibre et de finesse. Une pièce qui fait office d’hommage au théâtre, aux comédiens et aux comédiennes !

Bref, on recommande !

Arts-Chipels

Ce délicieux spectacle qui s’appuie sur une réalité historique mêle avec beaucoup de malice les thèmes du masculin et du féminin dans une intrigue où le théâtre occupe le premier rôle.

8 décembre 1661. Le roi Charles II d’Angleterre, converti au presbytérianisme – Londres vaut bien un petit sacrifice – et nouvellement réinstallé sur le trône après la première révolution anglaise et les rigueurs du protectorat d’Oliver Cromwell, rouvre les théâtres. C’en est fini du puritanisme pur et dur. Voilà pour le cadre donné d’entrée de pièce au moment où le rideau se lève. Si la tragédie continue de marcher dans les traces des époques précédentes, la comédie offre un mélange de théâtre élisabéthain et de fragments d’intrigues empruntés aux théâtres espagnols et français contemporains où préoccupations sociales et politiques et actualité trouvent leur place. Ce théâtre n’hésite pas, loin de là, à aller sur le terrain de la sensualité et de la licence, encouragé par des courtisans libertins et par le roi lui-même. La pièce créée par Jeffrey Hatcher s’enracine dans ce sillon.
Un théâtre où les femmes sont des hommes

Le rideau qui se lève dévoile, côté jardin, la scène finale d’Othello. Elle se tient devant un rideau descendu des cintres qui lui sert de décor. Le théâtre cite le théâtre, avec sa magie faite d’illusion révélée qui plonge ses racines dans un imaginaire venu de l’enfance, d’autant qu’en fond de scène apparaît ce qui ressemblerait aux galeries du théâtre du Globe. On y voit s’agiter en ombre chinoise des spectateurs dont les réactions ponctuent la pièce en train de se dérouler. Desdémone, qu’Othello étouffe avec un coussin, est interprétée par Edward Kynaston – « la plus belle femme que j’aie vue de ma vie », dira de lui Samuel Pepys, un fonctionnaire de l’Amirauté dont le journal constitue une véritable chronique de la seconde moitié du XVIIe siècle anglais, qui apparaît dans la pièce. Car les femmes ont interdiction de paraître sur scène et sont interprétées par des hommes. L’une d’entre elles va cependant braver l’interdiction. C’est l’habilleuse de Kynaston, Maria, qui deviendra la comédienne Margaret Hugues et le sujet d’un véritable engouement du public.

Une ambiance de relâchement des mœurs et de libertinage

C’est dans une atmosphère très leste que l’intrigue prend place. Le Roi n’a d’yeux que pour une ancienne prostituée, une ravissante idiote qui le mène par le bout du nez – ou d’autre chose – et rêve de devenir comédienne. Kynaston a pour amant le duc de Buckingham, qui ne dédaigne pas les femmes pour autant. Et Margaret-Maria se trouve un protecteur en la personne de Charles Sedley, un baronnet homme de lettres, coureur et libidineux. La pièce abonde en allusions et doubles sens à résonnances sexuelles sans devenir pour autant graveleuse. Elle flirte avec une légèreté appuyée, à la frange du mauvais goût sans toutefois y tomber, et l’on rit beaucoup de ces personnages campés à gros traits qui en font toujours trop, mais un peu seulement.

L’irruption des femmes au théâtre

Lorsqu’en janvier 1662, Charles II autorise les femmes à monter sur scène et interdit formellement aux hommes de jouer des rôles féminins, il met fin non seulement à un état de fait mais, au-delà, à une déconsidération de la femme profondément ancrée dans les us et coutumes. Sur le mode de la légèreté, la pièce met en scène, à travers l’histoire du théâtre, un changement qui se fait jour dans la pensée en ce qui concerne la différenciation des sexes et les relations hommes-femmes. À l’époque, l’idée de l’infériorité des femmes et de leur nature irrationnelle est combattue par un certain nombre de femmes. Dès le milieu du XVIIe siècle, en Angleterre, Margaret Cavendish puis Hannah Woolley dénoncent la prétendue supériorité des hommes, arguant que l’interdiction d’accès à la connaissance qui leur est faite relève de la crainte que leur intelligence ne porte ombrage à la gent masculine. De son côté, un disciple de Descartes, François Poullain de la Barre, règle son compte à leur « nature irrationnelle » et à leur « peu d’intérêt pour les questions intellectuelles ». Un parfum de révolte flotte donc dans l’air et la pièce le met en scène à travers les personnages de la maîtresse du Roi, Nell Gwyn, et de l’habilleuse de Kynaston devenue comédienne et otage malgré elle d’un système au petit goût d’actualité. Peu importe en effet qu’elle soit bonne ou mauvaise – quand la pièce commence, elle joue faux et n’a guère de talent –, elle crée l’événement et est montée en épingle, ce qui ne peut que lui valoir des déboires dès lors que l’interdiction des femmes sur scène est levée et que la concurrence s’exerce.

Un chassé-croisé homme-femme dans un savant mélange

La pièce crée un intéressant chassé-croisé entre les destinées de Kynaston et de Maria-Margaret car celui qui excelle en femme ne parvient pas à se penser en comédien jouant des rôles masculins. Les préoccupations des deux personnages se rejoignent. Comment traduire sur scène ce qu’ils sont ou voudraient être – une femme traquée et terrifiée pour Margaret-Desdémone, un homme viril et violent pour Kynaston-Othello. Affaire de ressenti de ce qui caractérise son sexe et celui de l’autre… Ils se poussent mutuellement dans leurs retranchements, mêlant sexualité et jeu. Au-delà de l’aspect caricatural et plein de drôlerie qui gouverne l’interprétation des autres personnages – le plaisir malicieux des comédiens est perceptible et communicatif – ces deux personnages-là ont une épaisseur plus grande. Vincent Heden et Emma Gamet, qui les interprètent, passent d’un registre à l’autre avec beaucoup de sensibilité, lui, l’homosexuel, dans la découverte de la « virilité », elle, la jeune fille timide et effacée, dans la maîtrise de sa féminité. Les personnages prennent corps, ils sont convaincants et ce qu’ils ont à dire nous concerne. En même temps, tout n’est finalement que théâtre. Kynaston le résume d’une formule : « Une femme qui joue une femme ? Où est l’enjeu ? Où est la prouesse ? » Car le fond de la pièce est bien là, dans ce qui fait l’essence du théâtre, l'interprétation…