Acte 2

Les Témoins2021-2022

Le texte est intelligent, brillant, toujours passionnant. Des comédiens dirigés d’une main de maître, tous excellents.

Figaroscope

Il y a un souffle, de l’énergie, une conviction. Et un auteur de 40 ans qui suit son chemin dans la jungle du théâtre parisien en gardant un cap.
Le Monde 

Récit d’une désagrégation centripète qui contamine l’humain avant de gangrener la société, ce texte, remarquablement étayé et diaboliquement structuré, est à sa place sur la scène du théâtre. L’écriture est nerveuse, les comédiens fébriles et la déflagration des faits implacable.
Télérama

Un spectacle vraiment intriguant. Une écriture extrêmement fine. On est totalement pris.

La Dispute, France Culture

 

Une (im)pertinente et passionnante réussite.

Froggy’s delight

 

Passionnant ! Un récit captivant, haletant, parfois sidérant. On espère qu'il y aura une suite ! Un spectacle fascinant.

Théâtre côté cœur


L'extrême droite prend le pouvoir. La presse vacille.

Les Témoins
est un journal dont l’intégrité et le professionnalisme ne font pas débat. Mais le jour où un candidat d’extrême droite gagne la présidentielle, les journalistes de la rédaction sentent vite le vent tourner : ils deviennent l'ennemi à abattre.
Les Témoins doivent alors se battre pour préserver leur éthique et leur détermination sans sombrer dans une guerre de tranchées contre le nouveau pouvoir.

Catherine, la rédactrice en chef ajointe, tente de conserver l’unité de ses troupes, au bord de l’implosion, alors que la rédaction accumule les enquêtes explosives. Cyril découvre le projet d’action terroriste d’un groupuscule écologique. Hassan suspecte qu’un pays ami ait exécuté un agent français (mais sa source est faible et il craint de relancer les graves tensions entre les deux pays). Rebecca met à jour une gigantesque histoire d’espionnage industriel perpétré par un proche du nouveau président. Romain, lui, découvre un embryon de résistance armée qui envisage déjà un Coup d’Etat.

une œuvre de politique fiction au cœur de son époque et de ses enjeux

 

Yann Reuzeau est un auteur metteur en scène hors du commun. Rappelons deux de ses pièces que nous vous avions précédemment proposées. "Chute d'une nation", ovni théâtral en quatre épisodes sur le monde politique fut plébiscité par la presse de toutes tendances. Créé en 2011, il fut joué plusieurs années à Paris et en tournée avant d’être accueilli par Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil.
En 2014, "Mécanique instable" traitait d’une aventure humaine extraordinaire dans le monde de l’entreprise. Le regard acerbe, critique, aussi optimiste que désabusé de son auteur fut à nouveau distingué par la presse.
"Les Témoins" est une œuvre de politique fiction au cœur de son époque et de ses enjeux. Rien n’y est vrai, tout est vraisemblable.


écrit et mis en scène par Yann Reuzeau

avec
Didier Boulle, Marjorie Ciccone,
Catherine Griffoni, Yann Rezeau,
Tewfik Snoussi, Sophie Vonlanthen

scénographie Goury
vidéo Mathieu Morelle
lumière Elsa Revol
assistante Clara Leduc

 

Production Manufacture des Abbesses, Antisthène Productions

 

Note d'intention

En 2010, j’ai écrit et mise en scène Chute d’une Nation, ou comment une poignée d’hommes et de femmes politiques échouaient à faire barrage au fascisme. La dernière image voyait l’accession au pouvoir du candidat d’extrême droite, Thomas Mérendien. Les Témoins débute quelques heures plus tard, dans la salle de rédaction chauffée à blanc de l’un des principaux titres du pays. Les Témoins reprend les événements historiques de Chute d’une Nation et les développe, mais reste un spectacle complètement indépendant, avec des personnages et un angle différent (il n’est donc pas nécessaire d’avoir vu Chute d’une Nationpour comprendre Les Témoins.) J’ai effectué un intense travail de recherche, notamment en étant invité à plusieurs reprises dans les locaux de Libération et en pouvant discuter longuement avec les journalistes de leur travail et de ses évolutions. L’écriture et la mise en scène sont pour moi intimement liés, je n’ai jamais envisagé l’un sans l’autre et tout est donc pensé dès le départ d’un bloc, d’un geste.
Pour les
Témoins, j’ai écrit en pensant à deux éléments fondamentaux de scénographie. Le premier est l’écran de la salle de rédaction qui affichera en continu les pages du journal (home page, archives et mode utilisateur). L’écran est la matrice essentielle, le pouls de la rédaction. Le second élément de scénographie sera la salle de conférence de rédaction, réelle base opérationnelle du journal. C’est aussi le principal champ de bataille, là où les journalistes s’affrontent sur leur vision de leur métier et de leur titre. Cette salle symbolise l’unité du journal, sa quasi perfection, mais sera mise à rude épreuve tout comme les idéaux que Les Témoins essayaient de porter.

Yann Reuzeau


Le Figaroscope
Après Chute d’une nation, pour laquelle Yann Reuzeau avait reçu le prix Beaumarchais du meilleur auteur décerné par Le Figaro, voici Les Témoins, qui en est, en quelque sorte, la suite. Le principe est le même : parler de notre société, réfléchir sur la politique, les hommes qui la font, les rapports de pouvoir, l’intégrité des journalistes. Yann Reuzeau a un vrai talent et c’est toujours aussi passionnant. Cette fois, on est dans la salle de rédaction du journal Les Témoins. Le candidat d’extrême droite Thomas Mérendien vient d’être élu président de la République, ce qui – on s’en doute – fait un peu causer dans le Landerneau. Que faire quand on est un journal d’opposition : accepter le jeu démocratique mais jusqu’où ? Résister et se lancer dans une guerre de tranchées ? Toutes les options sont possibles et la rédaction se divise violemment. La pièce pourrait être facilement caricaturale et tomber dans la bienpensance. Reuzeau est beaucoup trop malin pour cela et il évite le pire en montrant bien l’humanité des personnages. C’est un vrai plaisir pour le spectateur. Plusieurs histoires se croisent. Le texte est intelligent, brillant. Les dialogues sont ciselés. On ne s’ennuie pas une seconde. Reuzeau sait donner du corps à ses personnages et construire un suspense. Dans le quasi-désert du théâtre actuel qui multiplie comédie bébête sur comédie bébête, quand ce ne sont pas des one-man-show, c’est sacrément réconfortant. Et puis il sait mettre en scène et diriger d’une main de maître les comédiens. Ils sont tous, comme d’habitude, excellents. Citons parmi eux Frédéric Andrau, Sophie Vonlanthen, toujours égale à elle-même, et Frédérique Lazarini, qu’on a vraiment plaisir à retrouver dans cette aventure. Comme on dit dans les publicités : un spectacle à voir.

Télérama

Conférence de rédaction dans les locaux du journal Les Témoins. Six journalistes sont sous le choc : l’élection présidentielle vient d’être gagnée par le parti d’extrême droite. Yann Reuzeau est l’auteur et le metteur en scène d’une fiction politique haletante, qui chemine du réel au cauchemar en montrant à vitesse grand V la bascule d’un état de droit vers un régime de terreur. Récit d’une désagrégation centripète qui contamine l’humain avant de gangrener la société, ce texte, remarquablement étayé et diaboliquement structuré, est à sa place sur la scène du théâtre. L’écriture est nerveuse, les comédiens fébriles et la déflagration des faits implacable, qui transforme la menace du pire en probabilité rationnelle.

 

Le Monde

Yann Reuzeau, dramaturge de convictions, inquiet pour la démocratie dans « Les Témoins ».

En 2011, dans La Chute d’une nation, Yann Reuzeau mettait en scène une campagne électorale, avec une pièce en plusieurs épisodes, présentée en feuilleton à La Manufacture des Abbesses, à Paris. Cette année, il crée Les Témoins, qui pourrait être la suite. Un président d’extrême droite est élu en France. Comment réagir quand on est un journal influent qui a bâti sa réputation sur une ligne claire : pas d’opinions, des faits ? Et comment continuer ainsi, quand l’étau se resserre sur la presse à travers une loi qui met à mal la protection des sources ? Ces questions, Yann Reuzeau les pose frontalement, à son habitude. C’est un auteur qui n’a pas peur de jouer avec la caricature quand il dessine des personnages, mais qui sait présenter des enjeux dans leur complexité : « Notre métier n’est pas de convaincre, explique-t-il, mais de raconter le monde, de provoquer une réflexion et du débat. »

Yann Reuzeau a commencé tôt. Il avait 24 ans quand sa première pièce, La Secte, a été jouée. A l’époque, il travaillait surtout comme acteur, mais c’est l’écriture qui le tentait. S’il a grandi avec les livres (son père, Jean-Yves Reuzeau, est cofondateur et directeur éditorial de la maison bordelaise Le Castor Astral), il a été « forgé comme artiste par la musique », en particulier celle de Radiohead : « La capacité de ce groupe à prendre des risques et à se réinventer a joué un rôle fondamental à une époque où je me demandais où je voulais aller, et si j’étais, moi aussi, prêt à prendre des risques. » Yann Reuzeau les a pris, en quittant la faculté de cinéma au bout de quelques semaines pour suivre des cours de théâtre. Il voulait surtout apprendre à diriger les acteurs. Mais le jeu l’a happé, en lui fournissant les moyens de vivre.

Son théâtre comparé aux séries.

Pour ses pièces, c’était une autre histoire : « Le théâtre privé me regardait de haut, et je n’avais pas d’entrées dans le théâtre public. » Après La Secte, créée au Théâtre du Nord-Ouest, à Paris, en 2002, plus rien. Le sursaut vient de l’épouse de Yann Reuzeau, la comédienne Sophie Vonlanthen, qui rêve d’avoir son théâtre pour jouer, quand l’auteur rêve d’avoir le sien pour être joué. Le couple cherche longtemps avant de trouver un local en ruine, détenu par un marchand de biens. Des mécènes prêtent de l’argent à des taux très avantageux, et La Manufacture des Abbesses ouvre ses portes en 2006, avec Les Débutantes. Ce titre n’est pas un clin d’œil : Yann Reuzeau traite de la prostitution étudiante, un sujet de fond, comme ceux des pièces suivantes, Monsieur le Président (le pouvoir), Puissants et miséreux (l’argent), Mécanique instable (l’économie)…

Parce qu’il sait rebondir et nourrir le suspense, le théâtre de Yann Reuzeau est souvent comparé aux séries. L’auteur ne dément pas, mais, en la matière il se sent plus proche d’A la Maison Blanche que du bureau des légendes, trop lent à son goût. « J’ai besoin de rythme », dit ce grand lecteur de la presse, qui voit des journalistes « un peu comme des cousins » : « je procède comme eux, en menant un gros travail de recherche avant d’écrire. Mais j’aime les personnages et la fiction. Dans mes pièces, je me bats avec moi-même pour être le plus objectif possible, et ne pas imposer mes convictions aux spectateurs. Je ne sais pas si j’aurais été assez solide éthiquement si j’avais été journaliste, parce qu’il faut l’être dans ce métier, surtout dans le journalisme politique, qui me passionne ».

On comprend d’où viennent Les Témoins, qui sont nés d’un déclic : la loi relative à la protection du secret des affaires, promulguée en 2018. « Je conçois que les entreprises aient besoin de secret, mais ce qui m’inquiète, c’est l’évolution de cette loi dans un autre contexte. »

C’est ce que l’on voit dans la pièce : le gouvernement d’extrême droite s’appuie sur une loi similaire pour museler la presse et obliger les journalistes à donner leurs sources. Yann Reuzeau met en scène ce point de bascule, révélateur de la fragilité de la démocratie, dont il n’a pas oublié comment il l’a découverte : « En 3è, quand on nous a expliqué qu’Hitler était arrivé au pouvoir démocratiquement. Ça m’avait choqué, parce que je n’aurais jamais imaginé qu’un dictateur arrive au pouvoir autrement que par un coup d’État ». Ce thème traversait Chute d’une nation, qu’Ariane Mnouchkine a invité à passer des 120 places de La Manufacture des Abbesses au grand plateau du Théâtre du Soleil, à la Cartoucherie de Vincennes, où la pièce a été jouée pendant deux mois et demi, à l’automne 2015. Les intégrales duraient plus de neuf heures, et les réactions étaient vives à la sortie. C’est ce que cherche Yann Reuzeau. Dans Les Témoins les empoignades sont ardues entre les journalistes qui répondent à des stéréotypes – l’usé, l’acharné, la cérébrale, le caméléon… - mais soulèvent des questions sur les modèles économiques et éditoriaux de la presse. Il y a un souffle, de l’énergie, une conviction. Et un auteur de 40 ans qui suit son chemin dans la jungle du théâtre parisien en gardant un cap.

Brigitte Salino


La Croix

Tantôt contre-pouvoir vital face au monde politique, tantôt faiseurs de mythes, les médias sont représentés sur les planches, sous leurs bons et mauvais jours.

Pilier d’une démocratie à défendre ou tordeurs de réalités à démasquer, plus que jamais, les médias nourrissent les débats. Une ambivalence constante que le théâtre se plaît à mettre en scène avec « Les témoins », qui se joue depuis novembre à la Manufacture des Abbesses à Paris. Une fiction est plus concrète qu’une discussion théorique. C’est le risque d’une société sans liberté de la presse que Yann Reuzeau, auteur et metteur en scène audacieux, a voulu appréhender dans Les témoins. La Chute d’une nation, sa précédente pièce politique, dépeignait les conditions de l’arrivée au pouvoir d’un président d’extrême droite dans une démocratie malade. Sans en être la suite, Les témoins confronte la rédaction d’un site d’information réputé sérieux, impartial et indépendant, à ce nouveau régime aux discours et méthodes fascistes. Si le public ne le voit jamais, Thomas Mérendien, le nouvel hôte de l’Elysée, s’invite à toutes les conférences de réaction des « Témoins », le titre du journal, dont le public assiste à la lente agonie. Catherine (Sophie Vonlanthen), la rédactrice en chef adjointe, a beau reprendre en main une équipe qui s’entre-déchire en multipliant les enquêtes dérangeantes, le nouveau pouvoir n’hésite plus à utiliser les moyens de l’Etat contre la presse, érigée en ennemi public.

Avec crédibilité et efficacité, Yann Reuzeau montre comment les journalistes, selon leurs personnalités et convictions, essayent de gérer cette situation politique inédite, entre résistance, relative allégeance ou passage à l’action. En passant deux jours à la rédaction de Libération pour préparer la pièce et observer comment les journalistes interagissent, explique l’auteur, je me suis rendu compte que la plupart n’avaient pas réfléchi à ce qu’ils feraient si l’extrême droite arrivait au pouvoir. S’ils savent que ça peut arriver, il n’est pas simple de s’y confronter. Une fiction est plus concrète qu’une discussion théorique. »

C’est le risque d’une société sans liberté de la presse que le metteur en scène Yann Reuzeau a voulu appréhender dans « Les Témoins ».

Elle

Un candidat d’extrême droite porté à la tête de la nation : de la science-fiction ? et pourquoi pas, hélas…

Face à un tel séisme, les journalistes du site « Les Témoins » se déchirent. Quelle attitude adopter ? Avec les informations explosives dont ils disposent (une histoire d’espionnage industriel qui met en cause un futur ministre, un groupe de résistance armée, les compromissions d’un pays ami qui pourraient mener à une guerre…), doivent-ils foncer tête baissée ? Rester prudents ? Et comment préserver leur indépendance à toute force ? Petit à petit, la menace contamine et désagrège le groupe, tout comme le décor se désintègre peu à peu… Avec cette fable noire aux allures de feuilleton haletant, Yann Reuzeau met une fois de plus tout son talent dans l’observation du monde tel qu’il va, c’est à dire mal. Malin et rythmé, son texte évite habilement les clichés et le manichéisme. Les dialogues survoltés et les comédiens habités (Sophie Vonlanthen impressionne en chef de troupe d’une détermination à toute épreuve) nous embarquent jusqu’au bout d’un cauchemar diabolique. Soufflant.

 

La Dispute, France Culture

Un spectacle vraiment intriguant. Une écriture extrêmement fine. On est totalement pris. Il y a une belle efficacité dans la compression de la narration, resserrée autour de la montée au pouvoir d’un Président d’extrême droite. Les dilemmes du spectacle font écho à des cas très concrets aujourd’hui, comme aux Etats-Unis ou au Brésil. La pièce arrive à point nommé.

 

La Terrasse

Dans le sillage de Chute d’une nation, Yann Reuzeau explore de nouveau la fragilité des démocraties. En plantant sa nouvelle création dans le quotidien d’une salle de rédaction alors qu’un président d’extrême-droite vient de se faire élire, il pose des questions terriblement troublantes.

Les Témoins commence là où finissait Chute d’une nation, la pièce écrite par Yann Reuzeau en 2010 : par l’élection d’un président d’extrême-droite, Thomas Mérindien. Comment rendre compte de cet événement quand on est un journal intègre mais sans ligne politique, un journal qui vise à donner des faits et non des opinions ? Est-il possible pour ce journal, baptisé Les Témoins, de traiter cette élection comme s’il s’agissait d’une alternance ordinaire ? Dès le début de la pièce, plantée dans une salle de rédaction, les journalistes s’opposent. L’un est favorable à un appel à l’insurrection, un autre pense qu’ils doivent rester sur la ligne objective qui fait leur force, etc. Tous s’engueulent, se coupent la parole, s’invectivent : on sent d’emblée qu’il va être difficile pour le journal de garder son unité et son éthique. Faut-il publier les investigations relatives à des affaires susceptibles de déstabiliser le nouveau pouvoir en place ? Faut-il taire des faits susceptibles de fracasser la vie personnelle de certains journalistes ? Alors que plane la menace d’une loi visant à tuer la liberté de la presse, les problématiques deviennent de plus en plus pressantes, de plus en plus aiguës. Chaque personnage se retrouve face à lui-même et se transforme.

Le talent de Yann Reuzeau, comme dans son précédent opus, est de multiplier les questions politiques et humaines autour de la fragilité des démocraties en puisant dans notre quotidien (fake news, protection des sources, radicalisme de certains écologistes…), ce qui rend les situations particulièrement réalistes, et leur possibilité réellement tangible. Sur un rythme vif et avec des dialogues incisifs et un sens du suspens digne des bonnes séries télévisuelles, l’auteur et metteur en scène arrive à composer une pièce complexe où chaque personnage (joué par une très bonne équipe de comédiens), se retrouve face à lui-même et se transforme. La scénographie aide à rendre lisible la marche impitoyable vers la dictature, grâce à la projection sur un écran des Unes du site internet ou des articles que les journalistes commencent à écrire. Au fur et à mesure de la pièce, la solide salle de rédaction se fissure jusqu’à voler en éclat, au sens propre. Comme les illusions des journalistes qui finissent tous par prendre conscience qu’il est impossible de rester neutre dans un monde qui devient fasciste. Et que peut-être, il était déjà insensé de croire cette neutralité possible quand il n’était pas encore trop tard.

Froggy’s delight

Une mise en perspective réussie et passionnante par le prisme du microcosme journalistique avec un tsunami qui s'abat sur le journal "Les Témoins" pour engager son pronostic vital. Une (im)pertinente et passionnante réussite.

 

Web Théâtre

Le spectacle a du nerf, de l’actualité, de la percussion, de la richesse politique.Un écran affiche sans cesse de nouveaux articles, aux titres vigoureux, rythmant le spectacle, Frédéric Andrau joue deux personnages avec une remarquable habileté intériorisée. Frédérique Lazarini incarne une journaliste adroite, différente, véhémente, dont elle fait saillir toutes les qualités et tous les défauts (pas toujours commodes, les journalistes !). Tewfik Snoussi et Morgan Perez donnent un relief immédiat à des personnages centraux et se démultiplient en rôles épisodiques. Marjorie Ciccone traduit très bien la situation complexe de femmes qui restent au deuxième plan de la vie et de l’information.

 

Fou de théâtre

Une pièce-choc, coup de poing, politique, indispensable qui élève le débat et donne l’envie de parler, de discuter. Tout est fabuleusement affreux, le texte, splendide est d’une violence désespérante.

 

Théâtre côté cœur

Passionnant ! Un récit captivant, haletant, parfois sidérant. Les comédiens nous touchent par leur questionnement, leurs doutes, leurs dilemmes, leurs batailles intérieures, leur cheminement intellectuel.On espère qu'il y aura une suite ! Un spectacle fascinant.

 

Le Bruit du Off

Eprouvant ! Reuzeau nous fait la grâce de ne sombrer dans aucun cliché. Une implacable démonstration de puissance du théâtre. Le texte pourrait s’inscrire parmi les quelques lumineuses dystopies qui ont traversé la modernité. Reuzeau va plus loin que ces réalités qui nous inquiètent. Il pousse le vice. Il joue avec les mémoires. C’est du Tarantino trempé dans le doux-amer, un Audiard grave. C’est jouissif, presque purificateur. Les comédiens sont applaudis dans une sorte d’hébètement par un public soufflé, dans un silence grave et stupéfait, avec solennité aussi. Il se passe quelque chose d’important à la Manufacture des Abbesses en ce moment.

 

Le Galopin

Comme l'était Chute d'une nation, Les témoins est un spectacle passionnant. Du théâtre qui questionne avec intelligence et fait réfléchir. Je vous le recommande vivement.


Fréquence Paris Plurielle

Une pièce qui nous fait naviguer entre le cœur et le cerveau de manière fort utile.

Les arts et des mots
L’auteur-metteur en scène continue de surprendre et de captiver son public par la richesse et la pertinence de son propos. L’interprétation des comédiens est remarquable et la mise en scène nous plonge au cœur de la rédaction du journal et des enjeux cruciaux qui s’imposent. Une pièce fascinante. Un cri d’alarme d’une actualité saisissante.

50-50 magazine

La nouvelle pièce de Yann Reuzeau, Les Témoins, nous invite à nous poser des questions urgentes sur la fragilité de la démocratie.

Alors qu’un Président d’extrême droite est porté au pouvoir par les urnes, la pièce nous plonge dans le rédaction d’un journal où l’intégrité et le professionnalisme de ses journalistes sont mis en question. Yann Reuzeau nous plonge dans un univers paritaire où la parole des femmes vaut celle des hommes, ce qu’il n’a guère constaté dans la vraie vie où les rédacteurs en chef sont presque tous des hommes, surtout dans les rubriques les plus prestigieuses.

Dans la pièce, trois femmes et trois hommes défendent leur métier avec la même conviction et la même intensité, il n’y a pas de hiérarchie genrée ni sujets « féminins » ou « masculins ». Chaque personnage essaie de trouver sa voie mais la tension monte et malgré le courage et la détermination de la rédactrice en chef, jouée par Sophie Vonlanthen, le journal semble voué à perdre son âme ou à se désintégrer…

Cette pièce portée par l’énergie inquiète de ses comédiennes nous permet de questionner l’importance d’une presse libre et indépendante, un des piliers de la démocratie qui permet à tous et toutes de développer sa culture politique et son esprit critique. Il est urgent de ne pas le confondre avec la liberté de dire ou montrer n’importe quoi sur internet.

Artistik Rézo

Ils sont comme ça les spectacles de Yann Reuzeau : électriques, haletants, en phase avec l’air du temps. Fable rugueuse aux airs de dystopie parfaitement maîtrisée, sa nouvelle pièce, Les Témoins, nous plonge dans les coulisses d’un journal aux prises avec un pouvoir d’extrême droite. Un précipité incandescent sur la fragilité de nos démocraties.

Un dramaturge de convictions

Après une série de spectacles dopés au Red Bull (La Secte, Les Débutantes, Monsieur le Président, Puissants et Miséreux et surtout le saillant Chute d’une nation, magistrale fresque théâtrale et politique encensée par la critique et le public en 2011, Yann Rezeau est de retour aux affaires. Son nom ne vous dit rien ? Le garçon possède pourtant déjà un sacré pédigrée. Celi d’un activiste de la scène gérant une salle de théâtre dédiée à la création contemporaine (La Manufacture des Abbesses dont il est le co-fondateur avec Sophie Vonlanthen depuis 2006), jonglant avec de multiples projets tels que Mécanique instable(2013-14), l’exploitation fleuve de Chute d’une nationrepris en 2015 au Théâtre du Soleil à l’invitation d’Ariane Mnouchkine, la création au même moment de De l’Ambition, suivie de Criminel en 2017-18 (inspiré de l’affaire Jacqueline Sauvage, joué à Paris et au Festival d’Avignon 2018-2019), tout en glanant au passage de jolies récompenses dont le Prix Beaumarchais du Meilleur Auteur ou encore le Prix Charles Oulmont ! Mais Reuzeau, c’est avant tout un jeune dramaturge de convictions qui rencontre son époque, la percute avec un œil vif et acéré. Et parce qu’il vit dans un monde anxiogène dont il refuse de subir les oukases sans broncher, il l’invite sur ses plateaux pour l’ausculter, continuant de nous surprendre avec des créations toujours plus éruptives. Pour preuve : cette politique fiction cinglante comme une gifle à la dignité humaine.

Avis de tempête sur la liberté de la presse

Que se passe-t-il quand la presse est violentée par la politique ? Après Chute d’une nation, les Témoinsouvre comme une plaie béante la question d’une société sans liberté de la presse avec une saisissante scène d’ouverture. Plongés au cœur d’une conférence de rédaction dans les locaux du site d’information Les Témoins, on y voit six journalistes confrontés à un violent tsunami : l’élection présidentielle a été remportée par un candidat de l’extrême droite.  Quel avenir pour ce quotidien influent à la ligne claire : pas d’opinions, juste des faits ? La pièce part directement des cendres. Zéro illusion. Il ne s’agit pas d’une simple alternance : le journal est désormais l’ennemi à abattre. Dans cette ambiance implosive, l’auteur-metteur en scène a installé une galerie de personnages mémorables. En première ligne : Catherine, la rédactrice en chef, chargée de se battre pour préserver leur éthique et leur détermination. Un casse-tête : tandis qu’une loi met à mal la liberté de la presse, la rédaction enquille les enquêtes dérangeantes (projet de terrorisme écologique, scandale sanitaire…) et s’embrase, dessinant un écheveau complexe d’opinions et une sorte d’éventail des comportements humains : tel collège décidant de rester sur la ligne objective qui  fait leur force, tel autre étant favorable à l’insurrection. Embarqué dans ce puissant rouleau qui engloutit tout et nous laisse sur le sable étourdi, on assiste in vivo à la désagrégation de ce journal qui enchaîne les crêtes émotionnelles comme un grand huit et souligne ce qui pousse les êtres à se révéler ou à se flétrir.

Une ébouriffante fiction politique

Il en résulte un cyclone émotionnel, pas une pièce de plus non, du théâtre à haut degré d’octane, rythmé comme un thriller survolté, qui vous happe d’emblée pour ne plus vous lâcher deux heures durant. A la radiographie minutieuse d’une dictature en marche, s’ajoute un sens du récit époustouflant, une mise en scène organique et des ping-pongs de haute volée. Comme d’habitude, Reuzeau aligne une sacrée martingale de comédiens et les équipes de dialogues percutants. Véritables blocs d’énergie et de pure présence, Frédéric Andrau, Marjorie Ciccone, Frédérique Lazarini, Morgan Perez, Tewfik Snoussi et Sophie Vonlanthen, livrent ici une performance de compétition dans un décor qui se fracasse au fil des différents dilemmes. Coup de pouce levé également pour la scénographie immersive (Goury) avec comme cœur radioactif, un écran affichant en continu les Unes et pages du journal. Alors oui, il faut s’accrocher parce que ça fuse, ça file et ça hurle parfois jusqu’à l’hyperventilation ! Reste que ce jeu en surrégime trouve ici sa pleine nécessité : avec son brut de décoffrage et sa façon d’injecter une urgence qui imprime chaque scène, Reuzeau offre une grille de compréhension bienvenue (et documentée) pour appréhender la menace d’une désintégration de l’état de droit. Frontalement mais sans simplifications maladroites. Un appel à l’éveil des consciences et à s’interroger sur le mot liberté.

 


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