Acte 2

Hitch2011 - 2012

Un véritable bonheur pour le spectateur.
Finement mise en scène, avec une direction d'acteurs 
très subtile, une pièce jubilatoire.
Figaroscope

Une pièce réjouissante qui emprunte à Hitchcock sa science du suspense, et à Truffaut, sa gravité légère.
Nouvel Observateur

Un divertissement réussi à l’écriture acérée et joyeuse.
Le Journal du dimanche 

 


Eté 1962. Le bureau d'une major hollywoodienne. 
Un cadavre. Un Français sur le gril. 
Le début d'un malentendu... ou la fin. 

Les auteurs revisitent une des rencontres les plus fameuses du cinéma, celle d'Alfred Hitchcock et François Truffaut. 
Qu'avaient donc à se dire le maître du suspense et le jeune chef de file de la Nouvelle Vague ? Et quel étrange rôle Alma, la femme d’Hitchcock, joue-t-elle dans cette affaire ?

« Hitch » lève le voile sur ce mystère.

 

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BA HITCH (2'56") from Bonne Idee PRODUCTION on Vimeo.


une pièce d’ Alain Riou et Stéphane Boulan

mise en scène
Sébastien Graal

avec  
Joe Sheridan
Mathieu Bisson 
Patty Hannock

décor Valérie Grall/ Flavia Marcon
lumières Pascal Sautelet
costumes Catherine Leterrier
avec les voix de Féodor Atkine et Thomes Chabrol


production Acte 2
en accord avec Hitch et Compagnie et RCS

 


NOTE D'INTENTION DES AUTEURS

En décidant d’écrire un livre sur Hitchcock, Truffaut ne se doute pas qu’il met le doigt dans un engrenage impitoyable. Débarquant à Hollywood dans l’insouciance, pour un entretien en principe sans problème, il se retrouve dans la position d’un héros hitchcockien, accusé de meurtre, mis sur le gril, bref de l’innocent qui vacille, pas loin de se croire coupable.
 
C’est qu’on ne joue pas au plus fin avec le maître du suspense, le plus grand manipulateur que le cinéma ait connu – pour le plus grand bien du public. Mais de cette expérience, Truffaut retirera un approfondissement artistique considérable, Hitchcock acceptant enfin, de son côté, une vérité qu’il a toujours combattue, à savoir qu’il est un grand cinéaste de la profondeur.
 
A partir d’éléments imaginaires, mais authentiques dans l’esprit, « Hitch » confère un suspense inattendu aux questions esthétiques et morales que pose le cinéma. La pièce réinvente une journée d’orage, une bataille entre deux génies qui sortiront changés de l’affrontement, et marquera la naissance d’une des plus belles amitiés que l’Histoire des arts ait connues.
 
En hommage aux modèles, les auteurs ne pouvaient que traiter cette fiction sous l’angle policier. Ils ne pouvaient que lui prêter le ton de la comédie, que Truffaut et Hitchcock employaient quand ils avaient à dire des choses graves, comme la difficulté du style, le respect dû au public et la prééminence de l’art sur toute chose. 

Ils ne pouvaient enfin que donner un rôle essentiel à une femme, Alma Hitchcock en l’occurrence, dont la merveilleuse fantaisie apportait à son mari le piment, voire le mystère qui donnent pour toujours à ses films leur séduction énigmatique.

                                                                      Alain Riou et Stéphane Boulan


figscopefigtroiscoeursOn est en 1962, dans un bureau, à Hollywood. Un jeune Français y est accusé d'avoir tué un grand cinéaste : M. Alfred Hitchcock en personne. Et, en effet, comme notre jeune compatriote, nous découvrons le cadavre ensanglanté de celui qui en a fait son gagne-pain… Le jeune homme est interloqué : il était simplement venu interviewer son grand homme ou, plus exactement, s'entretenir avec lui sur leur passion commune - le cinéma - en vue d'écrire un livre. Et le jeune homme, François de son prénom, question cinéma, en connaît un bout ! Il vient lui-même de faire quelques films dont on parle sans déplaisir : un certain Jules et Jim entre autres. Cette pièce est un véritable bonheur pour le spectateur. Finement mise en scène, avec une direction d'acteurs très subtile, elle est jubilatoire pour tous ceux qui aiment le théâtre réaliste et la mystique du cinéma. Les trois comédiens, Patty Hannock en tête (qui joue la femme de Hitchcock), sont vraiment excellents. Encore une réussite du Théâtre du Lucernaire. Jean-Luc Jeener

pariscopeIl n'y a pas qu'à la Cinémathèque que l'on rend hommage à Hitchcock en ce début d'année. Sur les planches aussi, le maître du suspense est à l'honneur. Ça se passe au Lucernaire et « Hitch » est l'une des premières belles surprises de cette rentrée de janvier. Au départ, il y a la fameuse rencontre Truffaut / Hitchcock qui débouchera sur le célèbre « Hitchbook » du réalisateur français. L'astucieuse idée des journalistes Alain Riou et Stéphane Boulan est d'avoir imaginé les coulisses du premier entretien. Avec pour bras armé Hitchcock, les deux auteurs réservent quelques sueurs froides à Truffaut avant que ce dernier ne puisse enclencher son magnétophone… Mais ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus… Déflorer l'argument de la pièce réduirait considérablement votre plaisir. Parfaitement documentée et habilement composée, la partition à quatre mains d'Alain Riou et Stéphane Boulan retrouve en définitive les ingrédients chers à Hitchcock : suspense, rebondissement, faux coupable, mais vraie intelligence, le tout agrémenté de quelques pincées d'humour. Il faut bien le reconnaître, si le spectacle fonctionne à merveille, c'est aussi parce qu'il joue des ressemblances physiques des comédiens avec leurs personnages. C'en est même troublant ! Joe Sheridan est un Hitchcock débonnaire, qui, avec une certaine désinvolture, se plaît à se moquer de tout. Mathieu Bisson n'est pas en reste. Il campe un Truffaut d'une belle vivacité, oscillant entre appréhension, excitation et admiration. Quant à Patty Hannock, dans le rôle d'Alma Hitchcock, elle est tout simplement délicieuse. C'est la première mise en scène au théâtre de Sébastien Grall. Pour un coup d'essai, le résultat est particulièrement séduisant. Très cinématographique à vrai dire. Entre les jeux de lumières de Pascal Sautelet et la scénographie de Valérie Grall et Flavia Marcon, on est même plutôt gâtés. Tout en sobriété, Grall a su instiller à cette pièce une atmosphère que le maître du suspense n'aurait certainement pas reniée. N'ayez pas peur, nul besoin d'être cinéphile pour apprécier ce divertissement que l'on vous recommande chaudement. Dimitri Denorme

nvelobsUne pièce réjouissante qui emprunte à Hitchcock sa science du suspense, et à Truffaut, sa gravité légère. On n’imaginait pas que le théâtre pût rendre un si juste hommage au cinéma, à ses mensonges qui disent la vérité. Le Britannique Joe Sheridan campe sir Alfred avec une perversité bonhomme ; Mathieu Bisson la joue Antoine Doinel ; et Patty Hannock excelle dans le rôle manipulateur d’Alma Hitchcock. Sueurs froides. Jérôme Garcin 
 

JDDTruffaut aux 400 coups face à Hitchcock
Quand le jeune cinéaste français rencontre le maître du suspense, l’humour est au rendez-vous.
*** Hollywood années 60. Dans l’un des bureaux d’une major company, le "maître du suspense" Alfred Hitchcock s’apprête à recevoir un jeune cinéaste français, ex-journaliste, François Truffaut…. La rencontre a réellement existé et donné lieu à l’une des bibles de tout cinéphile, le fameux Hitchcock- Truffaut. Grands amoureux du 7e art, les journalistes Alain Riou et Stéphane Boulan se sont amusés à détourner cette entrevue au sommet. Visiblement, Hitchcock n’a pas très envie de parler cinéma. Quand il ne joue pas au faux cadavre, il préfère botter en touche face aux questions précises de son interlocuteur ou savourer le grand crû que le Français lui a offert. Face au détachement du grand cinéaste, Truffaut, tendu, fiévreux, s’agace. Il menace même de tout annuler. Plus il s’impatiente, plus le réalisateur des Oiseaux s’amuse. Heureusement, Alma Hitchcock, femme de, sert de liant entre les deux hommes. Amoureusement complice de son mari, elle sait tempérer avec finesse et drôlerie la boule de nerfs Truffaut.
Visiblement, les deux auteurs maîtrisent bien leur sujet pour signer ce divertissement réussi à l’écriture acérée et joyeuse. Leur propos est d’autant plus percutant qu’il est servi par des comédiens troublants de ressemblance avec leurs personnages. Joe Sheridan incarne un Hitchcock onctueux comme un cardinal et rigolard comme un jeune séminariste. Face à lui, Mathieu Bisson est impeccable dans la peau d’un Truffaut aux quatre cents coups. Dans le rôle de l’épouse du grand homme, Patty Hannock est irrésistible en vieille dame anglaise qui s’amuse beaucoup de la situation. Une excellente soirée.

espritHitch est un joyeux canular qui se revendique pour ce qu’il est : du théâtre anecdotique. Mais attention : anecdotique ne signifie pas forcément superficiel. Les descriptions d’époque de Longhi – ce peintre dit souvent mineur parce qu’anecdotique – nous ravissent encore par la malice de ce qu’elles nous révèlent de leur temps, trois siècles plus tard.
Il serait dommage d’attendre trois siècles pour assister à la fameuse rencontre entre Alfred Hitchcock et François Truffaut, en 1962. Car – c’est le paradoxe et le charme de cette comédie – si elle s’ouvre sur un gag visuel formidable, si elle continue comme un polar à la Hitchcock où Hitch tient le rôle de la victime et Truffaut celui de l’accusé, si tout cela est inventé, elle est en même temps d’une extrême fidélité à la réalité. Claude-Marie Trémois
 

parisobsHollywood, 1962, François Truffaut a rendez-vous avec Alfred Hitchcock, réalisateur qu’il porte au pinacle bien que mésestimé aux Etats-Unis. Alain Riou et Stéphane Boulan imaginent la rencontre mouvementée des deux chenapans. Joe Sheridan, Mathieu Bisson et Patty Hannnock sont épatants. Jacques Nerson

 

teleramaLa pièce d’Alain Riou et Stéphane Boulan s’appuie sur une rencontre bien réelle : celle que fit François Truffaut avec Alfred Hitchcock, qui aboutit à un livre du cinéaste français « Le Cinéma selon Hitchcock » (1966). Il ne s’agit pas ici d’une adaptation mais bien d’une fiction policière à la manière des films à suspens du maître en la matière. La pièce est savoureuse, nourrie de références cinéphiliques, pleine de clins d’œil et d’humour. Mathieu Bisson compose un Truffaut, jeune intello fiévreux et maladroit, archétype de la nouvelle vague.  Le comédne britannique Joe Sheridan, avec ses airspatelins, son gros ventre et son sourire malin, est d’une drôlerie toute british. Quant à Patty Hannock, l’épouse, alma Hitchcock, elle a l’air droit sortie d’un roman d’Agatha Christie. Malgré quelques longueurs, le spectacle, entre univers cinéphilique et esprit hitchcockien, est aussi un hommage plein d’esprit du théâtre au cinéma.
 

froggysLe théâtre dans le théâtre, le cinéma dans le cinéma : ces stratagèmes ont donné souvent des résultats probants ("L’Habilleur" ou "Eve"). Pourquoi ne pas essayer le cinéma…dans le théâtre ? Le maître britannique du suspens, alors dans sa période américaine, reçoit - à sa manière - le jeune critique des "Cahiers du cinéma" » et réalisateur de "Jules et Jim"…et maître de la Nouvelle vague. Flanqué de son effroyable épouse - Alma - qu’il fera étrangler - via une comédienne - dans "L'inconnu du Nord- Express" (où il distribuera… sa propre fille, Patricia !) Monsieur Hitchcock, qui vient d’achever "Les Oiseaux" écoute François Truffaut parler de son prochain film ("La peau douce").
Etonné du respect admiratif de ce Français exalté qui voit en lui un génie - ce qu’il sait être, sous sa fausse humilité joufflue - il s’amuse, avec un brin de sadisme, de ce jeune homme forçant sa timidité, sous les soupirs outragés de l’épouse successivement rabat-joie, flattée puis jalouse.
Le texte de Alain Riou et Stéphane Boula, truffé d’anecdotes connues, laisse place nette au talent de comédiens inspirés.
Le père de "Psychose" (mais il y aurait-il eu film ?) est incarné dans ses rondeurs-camouflage par l’incroyable Joe Sheridan qui retransmet l’accent chuintéasthmatique de l’Anglais. A ses côtés, l’excellente Patty Hannock, tout en panty cadenassé et talons plats, évoque jusqu’au malaise la castratrice anglo-saxonne-type qui trouve les hommes "simples" et distille l’idée que derrière chaque Grand homme il y a sa femme, ce qui n’est finalement pas très progressiste.
Enfin, le gauche Truffaut est investi par Mathieu Bisson, qui lui ressemble un peu, et "rame" contre le courant social, en bredouillant et en se cabrant : son jeu est vrai et fidèle au modèle. S’y ajoutent les voix de Féodor Atkine et du fils Chabrol, Thomas, imitant son père.
La mise en scène de Sébastien Grall est brillante, avec un sens cinématographique certain (belles lumières de Pascal Sautelet). 
Pur divertissement, "Hitch" ravira les cinéphiles et donnera de l’agrément aux autres.
Christian-Luc Morel 
 

lestroiscoups« Hitch », c’est le fantasme de tous les cinéphiles : remonter le temps jusqu’à l’été 1962 et se glisser dans un bureau des studios Universal pour suivre la série d’entretiens mythiques accordés par Alfred Hitchcock à François Truffaut. Évitant le piège d’une restitution figée et réaliste, les auteurs signent ici un polar rythmé et malicieux truffé de bons mots et de rebondissements.
Un joli décor de studio nous ramène au début des années 1960 : une baie vitrée surplombant la ville, un téléphone noir, un minibar. Hollywood est encore sous le choc de la mort prématurée de Marilyn Monroe. Avec sa petite sacoche de cuir et son magnétophone, François Truffaut fait une entrée timide. Alma Hitchcock, la femme du maître du suspense, le met vite à l’aise et l’invite à s’asseoir. En fond de scène dans l’entrebâillement du rideau, on voit alors apparaître les contours de la silhouette la plus connue du 7ème art. Une salve de rires accueille l’entrée en scène de ce profil légendaire. Ne manque que le cigare.
Dans un cas comme dans l’autre, la ressemblance est troublante. Avec son menton à double étage, son regard d’ogre jovial, et son accent british, Joe Sheridan campe un Hitchcock au meilleur de sa forme, un superbe manipulateur à l’humour décapant. Face à ce bon vivant se vautrant dans les traits d’esprit et préférant boire un bon Bourgogne plutôt que de parler cinéma, Matthieu Bisson fait figure de bon élève et interprète un François Truffaut fiévreux, cérébral et timide. Joliment à l’étroit dans son costard et donnant constamment l’impression d’un « Œdipe consultant l’Oracle ». Trouvaille géniale des auteurs, la femme derrière l’homme devient ici la tête pensante du couple. Cette thèse d’une Alma Hitchcock spirituelle et très influente est défendue avec subtilité par la comédienne Patty Hannock, qui nous séduit totalement avec ses sourires polis et le charme de son humour anglais.
Une fiction divertissante se déroulant sur fond d’enquête policière
Inspiré de la Bible des accrocs aux salles obscures, mieux connu sous le nom de Hitchbook, le texte ne sombre heureusement pas dans la reconstitution savante et documentée pour cinéphiles avertis. Le parti pris d’Alain Riou et Stéphane Boulan est celui d’une fiction divertissante se déroulant sur fond d’enquête policière, avec cadavre, manipulations et dialogues hauts en couleur à la clé. On se régale. D’autant que ce trio fascinant rentre progressivement dans le vif du sujet et que, derrière les anecdotes sur Chabrol, Bardot et Marilyn, on évoque aussi une certaine idée du cinéma. Celle qui était défendue par la Nouvelle Vague et les Cahiers à une époque où Alfred Hitchcock était encore largement dénigré par la critique américaine.
Les bons mots fusent, l’intrigue est pleine de surprises et la mise en scène est tout à fait à la hauteur du texte et de ses interprètes. On en aime les effets audacieux et un peu surannés : le sang coagulé, l’apparition de décors éclairés derrière des tulles qui s’ajustent parfaitement au petit plateau du Lucernaire. Ça sent le carton peint, celui qu’on aime, celui des fresques au pinceau des studios. La mise en scène du cinéaste Sébastien Grall ne manque pas de fraîcheur et de simplicité. On se délecte des lumières rasantes du soir, des inserts sonores tirés des Oiseaux. Le mélange subtil entre légèreté, suspense et émotion et l’intimité du lieu font le reste. Et, même si l’on sait qu’il n’existe pas de meurtre parfait, on vit ici un très joli moment de théâtre. On se dit aussi que Hitch était quand même un sacré monstre et qu’il se pourrait bien qu’on aille jouer les prolongations à la rétrospective du maître à la Cinémathèque.
Ingrid Gasparini 

webtheaDu vin français dans le verre d’Hitchcock
Et si Alfred Hitchcock avait été assassiné au moment où il rencontrait Truffaut à Hollywood ? C’est juste une hypothèse. Mais qu’est-ce que les films du maître du suspense sinon des machines à hypothèses qui ne s’arrêtent de fonctionner qu’à la vérité finale ? Pour rendre hommage à ce génie du cinéma – que biographies et rétrospectives saluent un peu partout dans le monde, par un heureux hasard qui favorise peut-être la création de la pièce – Alain Riou et Stéphane Boulan ont élaboré un scénario scénique qui fonctionne comme les œuvres du maître et dont le maître est lui-même le héros. Héros, victime, manipulateur et coupable au gré d’une action qui se permet, au deuxième degré, de parcourir pas mal des situations et des relations utilisées depuis
L’Inconnu du Nord-Express jusqu’à Vertigo. Et pourtant un seul décor, comme dans La Corde. Et juste trois personnages. Mais à un moment important pour tous les amateurs : en 1962, dans un bureau d’une major hollywoodienne, François Truffaut vient interviewer le cinéaste, qui ne le reçoit pas seul à seul. Sa femme est là et n’a aucune gêne à entrer dans la conversation. Pour Truffaut, l’affaire n’est pas gagnée. Il a beau téléphoner régulièrement à Chabrol pour obtenir des conseils et des encouragements. Le maître se fait prier, argue de sa dépendance face aux producteurs, s’absente volontiers du bureau et joue avec son interlocuteur au point de le faire passer un moment pour un criminel. Pourtant Truffaut a apporté une bouteille du vin français qu’on boit dans La Main au collet. Mais tout est facéties et humour angloaméricain, derrière lesquels se développe une conversation de haute volée sur le cinéma en tant qu’art et comme combat livré avec les acteurs, les producteurs et la morale.
Cinéaste lui-même, Sébastien Grall a su, pour sa première mise en scène, mener avec grâce ce ballet de répliques acérées et cette succession de chausse-trappes. La subtile pièce de Riou et Boulan est une fantaisie, au sens le plus noble et le plus délicat, un salut de l’esprit français - comme le vin bu lors de cette rencontre – au goût du double sens anglo-saxon : c’est la fausse face cachée du livre d’entretiens que publia Truffaut. Tout y est imaginaire et tout y est vraisemblable ; c’est ce que Grall a très bien senti et superposé, en nous plaçant à la fois dans la réalité d’Hollywood et au plus profond de notre amour idéal du cinéma. L’acteur qui joue Hitchcok est étonnant : Joe Sheridan possède une prodigieuse ressemblance ; surtout, il l’utilise, ainsi que son accent gaiement accentué, avec une présence à la fois bienveillante et diabolique. Sous son aspect placide, il dispute avec une extraordinaire attention gourmande toutes les parties qui se jouent derrière les mots. Si Hitchock, c’est Hitchcok, Truffaut, c’est Truffaut ! L’un des miracles de ce spectacle, c’est le flair de la distribution. Mathieu Bisson, interprétant le réalisateur de
Jules et Jim (car, à ce moment-là, Truffaut est encore aux Cahiers du cinéma, mais il a déjà fait trois films), est face à un enjeu moins spectaculaire : les auteurs, au gré de leur ironie admirative, ont dessiné son personnage comme un être chaleureux, passionné, et aussi maladroit et timide, qu’Hitchcock tourne parfois en bourrique. Le comédien l’endosse en beauté par l’intériorité ; il donne à ce rôle une jeunesse, une sensibilité et une conviction évidentes, avec aussi le sens constant d’une brûlure secrète, d’une blessure d’enfance mal guérie. Oui, tout Truffaut ! Enfin, il y a la malicieuse Patty Hannock en vedette américaine, si l’on ose dire. Elle compose Mrs Hitchcock avec le tranchant des seconds couteaux – et toute une culture de l’humour derrière sa ruse de maîtresse du maître. Le crime de lèse-majesté n’est pas presque parfait. Il est parfait ! Gilles Costaz 
 

figmagCe spectacle écrit par un amoureux du cinéma est épatant. La mise en scène, excellente de finesse et de simplicité, est signée Sébastien Grall, qui met merveilleusement en valeur les trois comédiens. Du théâtre qui donne envie d’aller se faire une toile !
 

feminaHitch est un passionnant face-à-face. La rencontre entre Alfred Hitchcock, interprété par le bluffant Joe Sheridan, et François Truffaud – Mathieu Bisson, tout à fait convaincant. C’est à partir du livre d’entretiens écrit par François Truffaud qu’Alain Riou et Stéphane Boulan ont imaginé ce premier rendez-vous entre les deux hommes. Un jeu du chat et de la souris conçu comme un polar, où chacun se jauge, sous l’œil amusé de la femme du maître, Alma Hitchcock. Et sans en faire tout un cinéma, un vrai bon spectacle !
 

quotidiendumedecinDeux passionnés de cinéma imaginent les secrets de la rencontre du jeune François Truffaut avec Alfred Hitchcock, en présence de sa femme Alma, à Hollywood. Très bien écrit et interprété magistralement, un grand moment théâtral.
L’idée est excellente : imaginer ce que se sont dit, en marge de la conversation que l’on connaît, le grand Alfred Hitchcock et le jeune François Truffaut, lors de cette rencontre de 1962 qui donna l’un des plus beaux livres du cinéma. Très bonne idée, excellemment mise en œuvre avec ce qu’il faut de mystère, de suspense, de retournements. C’est bref, dense, drôle. Passionnant. Les auteurs, tout deux fous de cinéma (Alain Riou est critique au « Nouvel Observateur »), ont composé une véritable pièce de théâtre. Les caractères sont bien dessinés, les échanges vifs et très vraisemblables. La présence entre les deux cinéastes de la femme de Hitch, Alma, est une très bonne idée. Et il y a même du meurtre dans l’air, du mensonge, du faux-semblant… Mais, chut!
De l’écriture à la réalisation du spectacle, il y a ce miracle supplémentaire d’un accomplissement idéal. Sébastien Grall a réuni d’excellents interprètes et l’on « croit » immédiatement aux personnages. Dans le rôle du jeune Truffaut – qui a alors signé trois films et poursuit son travail aux « Cahiers du cinéma » –, Mathieu Bisson, avec son air de ressemblance, son élégance, sa présence, impose le mélange de timidité et d’assurance qui est consubstantiel à l’auteur des « 400 coups ».
Pour incarner Monsieur Hitchcock, un comédien anglophone, très ressemblant avec sa silhouette ronde et son visage bien lavé de bébé, sa malice, son humour, son accent en français. Joe Sheridan est magnifique, fin et touchant. Enfin, Patty Hannock, plus « british » et fine mouche qu’il est possible, apporte ses remarques amusées, amusantes, en femme très intelligente, ce qu’elle était dans la réalité.
Armelle Héliot 


Hitch