Acte 2

Confidences à Allah2010 - 2011

 

Confidences à Allah

de Saphia Azzeddine
mise en scène de Gérard Gelas
avec Alice Belaïdi

Molière Révélation théâtrale féminine 2010
Prix de la critique 2009

 

période de tournée :
octobre-novembre 2010 & du 15 mars au 15 mai 2011
 



Présentation du spectacle

Jbara, petite bergère des montagnes du Maghreb, devenue prostituée puis femme d'imam, parle à Allah. Dans un monde qui ne veut pas d'elle, il est son seul confident. Jbara lui raconte sa vie, la misère, son père ignorant et brutal qui la traite en servante, les hommes qui la traitent en objet, la découverte progressive du pouvoir de la beauté, la prostitution, la prison, le désir d'ailleurs.
« Confidences à Allah » est un témoignage direct, cru, sur l'oppression des femmes, mais aussi et d'abord le portrait d'une jeune fille résolue à exister par elle-même et qui ne se soumettra pas. Le roman se déroule dans un pays du Maghreb mais il ne s'y limite pas. Cette jeune fille pourrait vivre aujourd'hui sur n'importe quel continent, car ce dont il s'agit, c'est d'une prise de parole pour exister.




logoUne petite bergère des montagnes du Maghreb s'adresse à son Dieu, lui raconte sa vie difficile de femme pauvre dans un monde d'hommes sans scrupules. Le roman de Saphia Azzeddine a été publié en février 2008. Dès l'été suivant, à Avignon, ce fut ce spectacle. 
logoLa mise en scène de Gérard Gélas s'inscrit avec simplicité sur le  plateau. On oublie la crudité de certains propos un peu complaisants, parce qu'Alice Belaïdi, la jeune et époustouflante interprète, ravissante et ultrasensible, possède une naturelle pudeur, une grâce qui effacent tout ce qu'il y a d'exagéré dans les manières de dire cette histoire terrible de pauvreté, de prostitution. Mais de courage, surtout. 
Armelle Héliot


logo« Confidences à Allah » est un écrin sublime pour ce bijou resplendissant de mille éclats qu’est la jeune comédienne Alice Belaïdi. Retenez bien ce nom, il y a des chances pour qu’il résonne au firmament du théâtre et du cinéma. L’artiste a une présence terrible, un visage des plus charmants, un sourire éclatant, des yeux brillants de vie et un talent immense. Elle incarne Jbara, une petite bergère des montagnes du Maghreb, qui apprend que lorsque l’on est pauvre et femme, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. De la tente de son père à la maison de son époux, Imam, Jbara a vécu l’esclavage, la prostitution, la prison, la misère à nouveau. Cette petite sœur de Marie-Madeleine n’a jamais cessé de parler en direct à Allah, le seul confident qu’elle n’ait jamais eu. Ce texte de Saphia Azzeddine, écrit sans fioriture, dénonce les conditions de la femme. Des petites Jbara, aux prises avec la misère et le bon vouloir des hommes, il y en a dans le monde entier. C’est également le portrait d’une jeune fille devenue lucide qui veut vivre libre sans jamais se soumettre. Le metteur en scène Gérard Gelas a accompli un remarquable travail à la fois sobre et efficace. Sa scénographie, faite de voiles noirs qui tombent au fur à mesure de l’évolution de Jbara, est de toute beauté.
Marie-Céline Nivière


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La gourmandise est un péché mignon, mais il peut prêter à conséquence. Voyez Jbara, cette jeune chevrière des montagnes du Maroc qui vend ses faveurs en échange de yaourths à la grenade, (…) se voit bannie de chez elle, et, de fil en aiguille, devient une professionnelle. Classique. Là où Jbara diffère de la nana d’Emile Zola, c’est qu’elle ne cherche pas à se venger de ceux qui l’ont avilie, et qu’elle se relève en épousant un imam dont elle embellira la fin. Est-ce déprécier Saphia Azzedine que de signaler que ce premier roman a la chance d’être défendu par une actrice exceptionnelle ? Alice Belaïdi, déjà remarquée en 2004 dans « Mireille », de Frédéric Mistral, révèle ici un talent renversant. Gérard Gelas, qui l’a mise en scène, peut être fier de son élève. Comme la petite bergère, elle marche sur la braise sans se brûler et prononce les pires obscénités sans en être souillée. Rien ne peut entamer sa fraîcheur. Elle a un sourire enchanteur, elle est vraie, gaie, naturelle, faite à ravir, très drôle quand elle le veut. Tous les espoirs lui sont permis. Dépêchez-vous de la voir sur scène : si ce n’est déjà fait, le cinéma va lui faire un pont d’or.
Jacques Nerson


logoElle n’a peur ni des mots ni des tabous, Saphia Azzeddine, dans son roman « Confidences à Allah », que Gérard Gélas adapte pour la scène. La misère sexuelle et la misère tout court en pays musulman ou ailleurs, c’est cru, violent et sale. Jbara, une jeune bergère de l’Atlas marocain, maltraitée et violée, vend son corps pour un pot de yaourt, se prostitue pour survivre et trouve par elle-même un chemin de liberté et de dignité. Seule sa foi inébranlable en Allah l’aidera à survivre. L’auteur n’y va pas par quatre chemins, et c’est avec rage et un humour glaçant qu’elle dénonce l’oppression faite aux femmes et l’hypocrisie patriarcale. La mise en scène est sobre et efficace. Dans une image forte, la jeune comédienne, Alice Belaïdi, apparaît d’abord enroulée dans un rideau de théâtre noir en guise de voile, qu’elle quitte, puis remet, puis quitte à nouveau. Là n’est pas la question. Elle joue avec une innocence presque enfantine, du culot et de la poésie.
Sylviane Bernard-Gresh


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Une gardienne de chèvres du fin fond du Maroc se prostitue dès ses 16 ans, d’abord pour des yaourts à la grenadine, puis pour s’offrir un semblant de vie meilleure. Elle récolte en fait la grossesse, l’exil, les humiliations, les souffrances. Ses rares petits bonheurs : se confier à Allah et écouter des émissions de radio consacrées à l’esthétique. Jbara, la prostituée d’arrière-cour, devient Sheherazade, poule de luxe pour touristes et cheikhs fortunés, puis Khadija, femme d’imam. « Jamais à court d’idées pour défier la misère », elle bataille à la recherche d’un nid, à la recherche d’amour, lestée d’une valise Dior tombée d’un car. Un destin poignant livré sans pathos ni apitoiement. Chaque cri de douleur y est désamorcé par un éclat de rire. Alice Belaïdi campe à la fois l’héroïne, son père, son époux, ses oppresseurs. Elle déploie une palette inépuisable, d’une infinie justesse. Elle est femme, enfant, elle est drôle et bouleversante tour à tour. C’est un diamant brut.
N.V.E.


Sur la scène, une estrade fichée d’un mas de métal, comme on en voit dans les peep-shows. On attend l’entrée d’une créature du diable et c’est une gamine des montagnes maghrébines qui arrive, sourire enfantin à tomber et queue-de-cheval. Elle raconte sa vie de rien, sa vie entrecoupée de rendez-vous avec un rustre qui profite d’elle en échange d’un yaourt rose, le seul plaisir de sa vie sous le regard d’Allah : « Sors-moi de là », le supplie-t-elle. Et Allah la sort de là, en pire, jusqu’aux orgies épouvantables des cheikhs, en passant par les outrages de tous les hommes croisés sur sa route hérissée d’épines et de fausses espérances. Mais Allah est toujours là et la gamine grandit sans se perdre, courageuse, vraie, déterminée à « s’en sortir ». adapté d’un roman magnifique (éd. Léo Sheer), ce spectacle drôle et bouleversant est servi avec un talent extraordinaire par la jeune comédienne Alice Belaïdi, virtuose dans l’imitation des voix et la transformation à vue. Une merveille découverte par le metteur en scène Gérard Gélas. Sûre, éclatante, miraculeuse.
Laurence Liban 


logoCette fin de saison est religieuse en diable. Après les kyrielles d’invectives contre le pape d’Attilio Maggiulli à la Comédie italienne, voici, à quelques mètres de là, les « Confidences à Allah », d’une brûlante révolte, dues à Saphia Azzeddine, et interprétées par une pétulante et pulpeuse gamine qui n’a pas froid aux yeux, Alice Belaïdi.
Ca lui fait une belle jambe, à sa Jbara, d’être belle, puisqu’elle ne le sait pas et qu’on ne dit pas ces choses-là chez elle, c’est-à-dire dans le trou du cul du monde, à Tafaflit, où elle est née. Son père la trouve travailleuse : il a raison. Si l’on excepte une petite faiblesse : elle aime de délicieux yaourts à la grenadine, les Raïbi Jamila. Elle a 16 ans. Pour en obtenir, elle se donne en cachette à Miloud, un berger cradingue comme les autres qui habite à une cinquantaine de kilomètres de là. 
Un jour, une valise rose tombe du car de Belsouss qui passe tous les jours sans s’arrêter. Jbara la barbote. Dedans, elle trouve tout un attirail de petites tenues affriolantes pour touriste américaine friquée : des trucs de pute pour une petite sauvageonne marocaine. Et quelques gros billets. Merci Allah. Elle est enceinte et ne parvient pas à le dissimuler : elle vomit trop. Quand son père, ce con, l’aura bien battue et chassée parce qu’elle est une traînée, une fille du diable, une pécheresse, elle sautera dans le car pour la ville, pour se retrouver, moyennant une gâterie au serveur, qui pue lui aussi, femme de ménage dans un boui-boui. Et quand elle se fait avorter seule sur un terrain vague et qu’elle abandonne son enfant à peine sorti de son ventre, pas un mot à Allah : il sait, Lui qui sait tout, qu’elle ne peut pas faire autrement. Beaucoup d’humains ne pardonneraient pas cet assassinat silencieux. Lui, il peut. Parce qu’il sait à quel point elle souffre.
Une chambre pour dix fellations par mois : Jbara améliore bientôt son ordinaire en allant parfois faire une passe dans une maison du souk. Elle s’y rend voilée dans son lizar, le drap qui couvre tout entières les femmes dans la rue. Dessous, elle est libre. Même de porter des strings de couleur. Merci Allah. De là, la voilà bonne famille du cru, où le fils aîné abuse évidemment d’elle.
Le public est sans conteste mordu par la candeur et l’enthousiasme juvénile d’Alice Belaïdi, telle que la pousse pudiquement hors de ses gonds Gérard Gélas. Cette Marie Madeleine au harissa d’Islam ne manque pas de piquant pour dévoiler avec autant de fièvre, de verve et d’humour la face cachée d’Allah, même avec les gros porcs de cheikhs venus du Golfe avec leurs banknotes et leurs vices. Même lors de la rédemption avec son imam qui mourra heureux en écoutant ses propos salaces.
Bernard Thomas


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À 21 ans, l'actrice porte sur ses épaules «Confidences à Allah», pièce adaptée du roman de Saphia Azzedine, au Petit Montparnasse. Une révélation. Rarement une comédienne aura été saluée chaque soir par une standing ovation à la fin d'un spectacle. C'est le cas d'Alice Belaïdi, brune au délicieux accent ensoleillé, de 21 ans, qui joue avec brio Confidences à Allah, la pièce tirée du roman de Saphia Azzedine (éditions Léo Scheer). Sur la scène du Petit Montparnasse, la jeune femme apparaît enveloppée d'une hidjab noire qui laisse seulement deviner son visage juvénile. Puis, simplement vêtue d'un vieux pull trop grand sur une ample tenue rouge et un pantalon serré sur ses pieds nus. Alice Belaïdi est Jbara, 16 ans, une bergère des montagnes marocaines qui « habite dans le trou du cul du monde » avec ses nombreux frères et soeurs et une mère soumise à un époux violent. L'adolescente s'adresse à Allah qu'elle vénère tout en lui reprochant de l'avoir abandonnée à son sort. «Mais quand même, pourquoi tu m'as laissée là ? Fais qu'il se passe quelque chose dans ma vie», supplie-t-elle. 
Le sourire revient sur ses lèvres quand elle évoque son plaisir quotidien : un raïbi jamila, un yaourt à la grenadine obtenu en guise de récompense après avoir été violée. Enceinte, Jbara est chassée par sa famille et se prostitue pour survivre avant de devenir l'épouse d'un imam. «Ma vie est mon djihad», définit-elle.
Avignonnaise d'origine, Alice Belaïdi offre une performance époustouflante de maturité et de grâce. Familière des planches depuis son plus jeune âge, elle a fait ses armes dans les ateliers de Raymond Vinci Guerra, le directeur du Théâtre du Chêne noir. « C'est lui qui m'a conseillé de devenir actrice, confie-telle.
Ma mère m'entraînait dans les salles au moment des festivals.» Maçon pendant vingt-cinq ans, le père d'Alice Belaïdi a écrit une pièce pour le Festival d'Avignon de l'an 2000. « Je m'inspire de lui pour l'accent de certains personnages», raconte sa fille pas peu fière. 
Le premier rôle et la première reconnaissance datent de 2004 avec Mireille, de Frédéric Mistral, mis en scène par Gérard Gelas, un ami de son père. Alice a 15 ans. Et joue au Théâtre du Chêne noir dont son géniteur, encore, a restauré la… dalle. « Le choix d'une Maghrébine a surpris, mais aussi plu »,  indique Alice, qui a de nouveau accordé sa confiance à Gérard Gelas pour Confidences à Allah. 
Point de fioritures dans le récit douloureux de Saphia Azzedine. Des mots crus, cruellement joyeux. L'écrivain de 27 ans a également été séduite par le jeu de son interprète. « Elle avait vu une répétition au Théâtre du Chêne noir l'an dernier et a été émue, elle m'a donné quelques clefs de son livre et m'a permis de m'en libérer », signale Alice Belaïdi à laquelle on prédit un avenir radieux.Quant à Saphia Azzedine, qui devrait s'illustrer avec son prochain ouvrage, Mon père est femme de ménage, publié en septembre, elle est en train de plancher sur un scénario de film dans lequel Alice Belaïdi aimerait bien jouer.
Nathalie Simon
 

 

logoDécouvert au festival off d’Avignon l’été dernier, Confidences à Allah est de ces récits au destin incroyable, à l’image de Jbara, son héroïne, et de Saphia Azzeddine, son auteur.
Ecrit en trois jours et trois nuits pour être dans un premier temps un scénario de film, le texte deviendra un roman. Publié en janvier 2008, il est salué par la critique et, en à peine sept mois, se retrouve adapté sur la scène du Chêne Noir, à Avignon. «Le scénario est d’abord devenu une pièce de théâtre », ironise Saphia Azzeddine, complètement séduite par la prestation d’Alice Belaïdi. Un avis partagé par le public. On ne compte plus les rappels faits à cette jeune comédienne de 20 ans, éblouissante. Et pour cause, seule en scène, Alice Belaïdi met toute son énergie et sa sincérité au service de son personnage, Jbara, bergère de 16ans née dans la misère, rejetée par sa famille, offrant son corps pour les yaourts roses dont elle raffole. Chaque soir, elle s’adresse à Allah comme à un confident. Parce qu’elle n’a que Lui, elle Lui confie ses souffrances, ses espoirs, ses interrogations.
Sur une mise en scène originale de Gérard Gelas, le temps s’arrête et l’on s’étonne de voir ce monologue choc et émouvant programmé dans la petite salle du Montparnasse.
A quand la scène principale et le tapis rouge, pour cette histoire qui fera prochainement l’objet d’un long métrage ?


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Avant tout, il y a un livre, un roman de Saphia Azzedine paru l’an dernier, dont Gélas a eu envie de faire un spectacle. Avec une rude franchise, Saphia Azzedine aborde la question sexuelle dans le monde musulman à travers l’histoire de Jbara, bergère des montagnes qui, sans cesse victime de sévices intimes, passe de l’acte subi à l’acte tarifé. Elle quitte son village et se prostitue dans les villes. Elle gagne de plus en plus d’argent, mais dans le contexte de l’exploitation et du mépris. Les cheiks du Golfe jettent les billets sans les compter, mais ils sont encore pires que les Français amateurs de chair exotique. Ce n’est pas peu dire ! Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un imam, croyant Jbara vierge, la prenne parmi ses coépouses…
Pas facile de transposer ce texte au théâtre. Le langage de Saphia Azzedine, qui s’adresse à Allah pour mieux prendre la bonne conscience religieuse à son piège, est cru, appelle un chat un chat, frappe comme un fouet. Gérard Gélas a juste resserré le récit et le lance sur scène dans son impudeur provocante. Pratiquement pas de décor, juste quelques lumières et musiques pour suggérer les climats du voyage et des lieux de plaisir. Et une extraordinaire interprète pour porter cette joie furieuse de dire ce qu’on tait, cette rage qui dénonce sans cesse dans l’espoir de s’apaiser un jour : Alice Belaïdi. Cette comédienne qu’on a vue souvent au théâtre du Chêne noir d’Avignon est une flamme et une brûlure. Une autre actrice pourrait rendre choquants ou complaisants ces mots qui, si on les orchestrait avec lourdeur, pourraient résonner avec salacité ou racolage. Rien de cela ici. Certes, ce n’est pas piqué des vers, mais c’est la règle du jeu : on ne répond pas au mensonge par des dissimulations. Gérard Gélas et Alice Belaïdi réussissent leur confrontation risquée avec le monde méditerranéen et son machisme.
Gilles Costaz


 THEATRAUTEURS.COM 

Le pouvoir appartient aux hommes mais le progrès social ne pourra venir que des femmes. Deux d'entre elles vont ici nous le prouver, l'auteur : Saphia Azzeddine et sa jeune et talentueuse interprète : Alice Belaïdi.?Il ne fallait pas avoir froid aux yeux pour écrire un tel texte et il faut une hardiesse sans pareille pour venir incarner sur scène ce personnage de très jeune femme que le sort a soumise à la tyrannie des hommes et qui va rester debout, libre malgré tout.?(...)?La jeune comédienne capte le public avec une maîtrise étonnante qui nous laisse béats d'admiration. Certes, Gérard Gélas a réalisé ici une excellente direction d'acteur mais Alice Belaïdi présente un tel naturel que l'on aime croire que chez elle, tout ce à quoi nous assistons est inné. Il s'agit d'un exceptionnel moment de théâtre à ne surtout pas manquer !
Simone Alexandre  


 ArtistikRezo 

Confidences à Allah, ou la vitalité du désespoir au Petit Montparnasse
Alice Belaïdi se donne toute entière aux mots violents de Saphia Azzedine, qu’elle parvient à nous livrer en légèreté. 
Confidences à Allah est d’abord un texte puissant, fulgurant là où l’hymne à la liberté dépasse en sourires vainqueurs la peinture de trop d’entraves à la condition féminine. C’est l’histoire de Jbara, l’histoire de cette bergère maghrébine de seize ans qui se voit répudiée et jetée à la débrouille dans une grande ville bien inhospitalière, et tout ça  parce qu’un autre a pris possession de son ventre et l’a bel et bien envahi. Pour ne pas sombrer, pour ne rien lâcher devant l’hostilité d’un monde qui ne laisse aucun droit à sa post-adolescence, Jbara s’adresse à Allah comme à un journal intime, à Allah qu’elle rend seul capable d’entendre la teneur aigüe de ses cris exutoires. Cette jeune femme pourrait bien s’adresser à n’importe quel Dieu, et sa voix s’élever de n’importe où tant il y a de l’universel dans cette prise de parole avant tout existentielle.
A découvrir ces mots de Sophia Azzedine, on comprend que Gérard Gélas, directeur du Chêne Noir en Avignon, ait décidé de les porter à la scène, considérant que « [ce] chant de liberté est l’un des plus bouleversants témoignages de femmes que le roman, depuis bien longtemps, ne nous ait apporté. Bouleversant les conventions, il nous aide à entrevoir la réalité intime cachée sous le voile». Le décor, central sur une scène noire seulement sertie de pendants noirs modulables en burka et d’une barre autour de laquelle le défi est lancé à la concupiscence d’une prostituée, s’efface en sobriété pour laisser la lumière sur les dires et déambulations sautillantes de la jeune femme.
Alice Belaïdi touche au firmament de la grâce, s’affirmant dans un jeu fort en fraicheur qui empêche la profondeur de ses yeux noirs de ternir le rayonnement de ses sourires, et la sincérité d’un rire. Sa douceur saisit au cœur, comme en contrepoint de la cruauté de tous ces mots crus dont il faut se persuader qu’ils jaillissent effectivement de ses lèvres à elle, de ses lèvres parfaites tout juste sorties de l’enfance. 
De l’espoir au désespoir et de la tristesse à la joie, cette pièce permet une oscillation contradictoire comme la vie, vie que l’on présente encore chargée d’étincelles prévalant sur la tragédie. Sur une mise en scène de Gérard Gélas, Alice Belaïdi parvient avec dignité à la destinée en joie et en douleur de Jbara, et l’on tombe béat, admiratif !
Christine Sanchez


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"Confidences à Allah" c’est d’abord le texte d’un premier roman signé Saphia Azzeddine. Un texte âpre et cru qui n’épargne aucun détail dans le sordide mais où heureusement l’humour, omniprésent, permet de respirer par moments.
Mais c’est aussi et surtout la révélation d’une jeune comédienne fabuleuse : Alice Belaïdi. Tenant tout le spectacle, son jeu simple et direct nous touche au cœur. Bouillonnante, d’une sincérité confondante, elle est réellement impressionnante dans un personnage qui lui colle à la peau et dans lequel elle dégage une émotion rare de la première à la dernière minute.
La mise en scène sublime de Gérard Gélas (qui la connaît bien pour l’avoir formée au Chêne Noir à Avignon) rend chaque lieu de l’histoire visible et fait s’enchaîner les scènes avec fluidité et précision. C’est du grand art.
"Confidence à Allah" c’est le récit d’une jeune fille qui vit sa propre expérience de la foi. Une foi atypique mais toujours sincère et généreuse. Dans cette descente aux enfers qu’elle va vivre, plus elle s’enfonce, plus son âme s’élève et trouve sa pureté dans un amour désintéressé.
Le texte, particulièrement fort, témoigne de la condition féminine et de l’oppression que les femmes peuvent connaître, non seulement au Maghreb, mais partout dans le monde. Le destin de Jbara, qui cherche simplement "une plus belle vie" est éloquent et nous laisse sonnés à l’issue de ce voyage choc qui est assurément un grand moment de théâtre. Bravo.
Nicolas Arnstam  

 


 

L’adaptation au théâtre d’un premier roman devenu succès de librairie : la presse à propos du livre :


Le Monde

Jbara est une bergère, née dans les montagnes du Maghreb. Enfant maltraitée, objet de jouissance et de péché, elle sera digne dans la prostitution, révoltée sous les coups, naïve dans son espoir d'une vie meilleure car elle croit en dieu. Un premier roman terrifiant de cruauté et d'injustice. 

Le Nouvel Observateur
Ce monologue coup de poing se lit d'une traite, tant on s'attache au personnage de Jbara, la petite bergère qui habite « le trou du cul du monde », au fin fond du Maroc, et « baise » pour un yaourt à la grenadine. Une valise rose va changer son destin : à la ville, elle sera pute de luxe, favorite d'un cheikh du Golfe. Elle confie tout sans pudeur et avec humour à la seule oreille capable de l'entendre sans la juger : Allah. Sylvie Prioul 

Marie Claire
Dans ce premier roman plein de colère et de fièvre, une jeune femme du Maghred raconte comment la pauvreté et le machisme ambiant lui ont laissé cette seule carte pour s'en sortir : la prostitution. Ce texte, estomaquant de culot et d'humour vache, cette histoire d'un cœur déçu de n'être plus qu'un sexe peut certes choquer. Mais faut-il accuser le thermomètre ou la fièvre ? Gilles Chenaille 

Elle
La poésie, l'humour et la tendresse affleurent sans prévenir de ces « Confidences » aussi contrastées que la délicieuse Saphia. 

La Provence
Le père ? « C'est un ignorant et il l'ignore. Un vrai cancer à lui tout seul ». La mère ? « Elle met des oignons dans tous les plats pour pouvoir pleurer en paix ». La fille ? Elle confie interrogations, révoltes et prières à Allah pour qu'un jour enfin, le car passant à l'orée du village, s'arrête et l'embarque. 
Jbara, la jeune bergère finira par quitter ses montagnes. De son village natal au lit de son imam de mari, on suit son épopée cabocharde, sa fuite cahoteuse, ses confidences cabossées, comme en haleine. Humour au rasoir, lucidité tranchante, écriture crue : si le conte ignore les fées c'est que les princesses portent rarement un voile et des gants noirs et pour toute traîne leurs souvenirs comme autant d'obstacles. Que fait Jbara, lorsqu'ils se faufilent, obstinés sous son voile ? Vite, elle oublie.
Difficile de l'imiter tant ce premier roman intelligent à la plume céleste est aussi dévorant que la cruauté du monde.

 


Le Courrier

Ce texte parfois cru a trouvé son interprète : Alice Belaïdi, 22 ans, y est une Jbara gouailleuse, humiliée, autant que lumineuse et tendre.
De ce texte qu'elle dit « écrit pour sa bouche », interprète avec la même drôlerie tous les personnages : l'iman, sa femme, une domestique en chef, l'ami à qui elle confiera l'argent destiné à sa famille.

Sur scène, le piquet qui tient la tente de la bergère devient barre à strip-tease, les tentures figurent le voile noir où s'enveloppera Jbara, devenue femme d'imam. Cet espace vertical, c'est l'assise du texte. Car dans sa misère sordide, la jeune fille s'adresse au ciel. Ni pour invoquer le pardon, ni pour réclamer justice. Mais parce qu'elle aime. D'un amour pur, qui connaît la révolte mais ignore les chantages. Elle parle à Allah parce que cet amour lui fait du bien.

Outre la très belle interprétation de la jeune comédienne, le succès de Confidences à Allah tient sans doute aussi au fait que son discours n'est ni dogmatique ni politique. Si Jbara s'adresse à Allah, c'est parce qu'elle l'aime et que cet amour lui rend une dignité, parfois même cette pureté que la réalité lui refuse.

 

L’Avant-Scène Théâtre

Gérard Gelas a dirigé dans une belle et tendre violence l'étonnante Alice Belaïdi. Rien n'est plus contemporain que ce cri d'une femme-objet sexuel dans son pays.

Gilles Costaz

Le Comtadin

Le premier roman de Saphia Azzedine est tombé dans les mains de Gérard Gélas peu après sa sortie en février dernier.

Et quelle rencontre ! Tombé fou amoureux des «Confidences à Allah», le metteur en scène a choisi sa protégée Alice Belaïdi pour incarner Jbara, petite bergère du Maghreb devenue prostituée puis femme d'imam.
La jeune musulmane « jamais à court d'idées pour défier la misère cette salope » se confesse à Allah (qui aurait pu porter mille autres noms) avec des mots parfois crus, souvent empreints de poésie et d'humour.

Au milieu de simples tentures noires, la jeune comédienne porte avec humilité ces voix anonymes oubliées.
Conteuse moderne du même âge que la narratrice, Alice réussit son pari.
Lumineuse et pleine de grâce, elle nous transporte du rire aux larmes en distillant une forte dose d'espoir à son personnage.
L'impression que ça a été écrit pour elle.
Puissant, le texte fait rimer Allah en « la, la, la », l'histoire d'une révolte portée par une jeune actrice époustouflante.
Le public est debout. On est scotché.

Camille Bosshardt

La Provence

Le roman bousculait. Le spectacle bouleverse tant par le texte que par l'interprétation d'Alice Belaïdi et la mise en scène de Gérard Gelas.

Le texte est brut, cru parfois drôle aussi, dénué de pathos et pourtant si vrai, si fort, si profond dans sa simplicité qu'il vaut tous les prêches. ...Le fondamentalisme n'est jamais stigmatisé, juste l'ignorance des uns et l'arrogance des autres. Et cela suffit pour faire de ces Confidences à Allah un séisme...
Cloîtrée par des murs de voile, une femme parle. Par la voix, par le geste, par le corps et par le cœur d'une comédienne qui éclabousse le plateau de sa présence, à la fois gamine naïve, mère douloureuse, fille perdue, femme qui utilise les seules armes que la vie lui a données. Alice Belaïdi est magnifique, portée et soutenue par la rigueur et l'exigence de son metteur en scène.

Par eux, si cette parole ne faisait que provoquer un seul questionnement, ce spectacle, déjà lumineux en tant que tel serait une pierre de plus pour paver le chemin des hommes de vraie foi. Et les dernières phrases, ce merci, cette prière qui monte vers Celui qui peut tout entendre qu'il s'appelle Allah, Dieu ou Yahvé, proclament que certains moments partagés sont bénis.

Michèle Taddei

 


Confidences à Allah